C'est l'histoire d'un espoir déçu. "Beaucoup attendaient le père noël, il n'est pas venu. Aujourd'hui, l'électorat socialiste est déboussolé", avance Daniel. Cet électorat, l'ancien responsable syndical à la retraite, militant de longue date, en fait partie. A l'instar des 1.400 personnes présentes, lundi 12 mai à Rezé, près de Nantes, il est venu entendre prêcher une poignée de poids lourds et d'élus socialistes du Grand-Ouest sur la question européenne.
Jean-Christophe Cambadélis, la ministre de la Décentralisation et ancienne maire de Morlaix, Marylise Lebranchu, la maire de Nantes, Johanna Rolland, et la tête de liste Isabelle Thomas. Sans oublier les deux vedettes de la soirée, l'ancien Premier ministre et ex-édile des lieux Jean-Marc Ayrault et le candidat des socialistes à la Commission européenne, l'Allemand Martin Schulz, dont le Français parfois aléatoire fait régulièrement pouffer l'assistance, lui compris.
A peine digérée la lourde défaite des municipales, le scrutin à venir ne s'annonce pourtant pas des plus joyeux pour les socialistes. D'après le sondage publié la semaine par le "Parisien", le FN fait la course en tête à 22%, suivi de l'UMP (21%), puis du PS (17%). Une hypothèse à laquelle Daniel n'adhère pas : "On est plutôt partis pour un gros taux d'abstention", veut-il croire.
Pas de quoi ébranler, toutefois, leurs certitudes pro-européennes. "Le problème français, c'est qu'on fait de l'Europe bashing sans se rendre compte que c'est à la Commission, au Conseil et au Parlement européen que les choses se font", déplore Daniel. Pour qui les médias ne sont pas pour rien dans ce "défaut de pédagogie" : "Les journalistes préfèrent la mousse à la bière..."
"Rien n'est encore joué", assurent pourtant, en substance, les orateurs depuis l'estrade. "Les combats qu'on est sûr de perdre sont ceux que l'on ne mène pas", assène Isabelle Thomas. Quand Jean-Christophe Cambadélis, qui ne se lasse pas de taper sur cette droite responsable d'une "gestion lamentable" de l'Europe, clame que "rien n'est écrit". "Nous pouvons faire mentir tous les sondages".
Sur Guillaume, 31 ans, artiste plasticien, la petite musique semble avoir produit son effet. Le jeune homme, originaire de Morlaix, se veut optimiste, et mise sur un PS "majoritaire". Quitte à se voiler un peu la face : "Je ne regarde pas trop les sondages, certains font un peu peur". Conscient de la difficulté, son ami Nathan, administrateur culturel, entend lui aussi faire mentir les études d'opinion : "Rien n'est joué, le schéma des municipales n'est pas voué à se reproduire. D'autant plus que le FN n'a pas d'idées constructives."