Instabilité ministérielle, déballage de la vie privée, sondages calamiteux font souffler un vent de panique sur le président de la République et le gouvernement Valls 2 et ce, seulement neuf jours après la formation de sa nouvelle équipe.
La cote de popularité de François Hollande au lendemain de son élection, en mai 2012, n'atteignait pas des sommets. La droite a, dès le départ, été massivement contre lui De plus, les deux premières années du quinquennat Hollande ont été marquées par la déception croissante de son propre électorat. La politique menée par Jean-Marc Ayrault puis Manuel Valls, non seulement ne produit pas de résultat, mais apparaît aux yeux d'un nombre croissant d'électeurs ayant voté en 2012 pour François Hollande, comme une politique contraire aux engagements pris à l'époque par le candidat socialiste.
Le président de la République paie à la fois son impuissance et sa « trahison ». Enfin, la succession d'affaires mettant en lumière son manque d'autorité, comme les épisodes de ces derniers jours, de l'affront de Montebourg et Duflot au règlement de comptes de Trierweiler, en sont l'illustration.
Pour la Gauche, dix ans d'opposition semblent n'avoir servi à pas grand-chose. Au Parti socialiste, très peu de travail a été fait pendant cette période pour penser le monde en général, la société française en particulier, avec un logiciel rénové. Le début de réflexion entamée sous Martine Aubry avant la présidentielle de 2012 n’a pas suffi à rattraper le temps perdu.
L'enjeu pour François Hollande aujourd'hui n'est pas d'être élu en 2017, c'est d'être en situation d'être candidat. Le fait que le PS ait habitué ses électeurs en 2006 puis en 2011 à dorénavant choisir ses candidats à la présidentielle par le biais d'une primaire, rend la chose très compliquée pour François Hollande. Compte tenu de sa très faible légitimité, s'il participe aujourd'hui à une primaire, il n'est absolument pas dit qu'il l'emporterait.
La question de la dissolution ne devrait pas être posée tant qu'il n'y a pas, objectivement, un blocage de la majorité à l'Assemblée nationale. Aujourd'hui, cette majorité existe, chaque fois, elle a été au rendez-vous, malgré le bruit fait par les frondeurs. Mais ce qui est vrai institutionnellement ne l'est pas forcément politiquement. On le voit bien aujourd'hui : la gravité de la crise est telle que le soutien d'une majorité parlementaire fragile est un rempart bien faible pour le chef de l'Etat. On peut le déplorer, mais nous sommes aujourd'hui dans une démocratie d'opinion où la légitimité d'un pouvoir se mesure aussi à l'aune des sondages. Ceux-ci sont aujourd'hui tellement calamiteux que la question se pose d'une nécessaire opération de relégitimation démocratique d'un pouvoir qui semble n'être plus que l'ombre de lui-même.
Les parlementaires socialistes sont très embêtés par cette affaire. Ils sentent bien d'un côté qu'en soutenant bec et ongles le gouvernement, ils se coupent de leur base. Mais, de l'autre côté, ils savent que s'ils vont trop loin dans la « fronde », que s'ils ne votent pas la confiance à Manuel Valls, le 16 septembre, donc que s'ils prennent le risque de priver le gouvernement de majorité, François Hollande pourra alors être tenté de dissoudre. Or, vu les résultats des municipales et des européennes, et vu les sondages aujourd'hui, des élections législatives anticipées auraient toutes les chances de conduire à une Berezina électorale. Les socialistes sont encore traumatisés par les législatives du printemps 1993, dont seulement 58 d'entre eux avaient réchappé.
Y-a-t-il encore une solution applicable et capable de retourner la situation en 2 ans ? Notre économie de production est sérieusement à la peine, sans perspectives d’investissement ni dans l’outil de production ni dans la recherche. Notre filière formation, tant initiale que continue, est en pleine restructuration.
Enfin, notre société est en plein désarroi. Des impôts qui augmentent pour les plus modestes malgré les promesses, plus d’emploi et des déclarations qui menacent les sans-emplois ont jeté le trouble. D’autre part, les dividendes aux actionnaires qui n’ont jamais été aussi élevés, l’impôt sur la fortune qui augmente et l’étalage des signes de richesse par les plus fortunés poussent les citoyens à la révolte et au Front National qui n’en demande pas tant !
Il faut revoir le logiciel de toute urgence ! Les assises du Socialisme qui se préparent font revivre l’espoir. Il ne faudrait pas qu’elles se résument à des effets de manches ou à des stratégies de positionnement interne ! S’il ne s s’y passe rien de révolutionnaire dans notre conception du monde, alors, s’en est fait du socialisme !