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Le blog de Eric de Falco

Le blog de Eric de Falco

conseiller général du 1° canton de Rouen


session plénière au conseil général

Publié par Eric de Falco sur 14 Octobre 2008, 20:51pm

Catégories : #politique locale

Discours de Didier MARIE, Président du Département

 

Ouverture de la Session Plénière du 14 octobre 2008

 

 

Une session ordinaire dans une situation qui ne l’est pas. Depuis quelques jours, quelques semaines, nous vivons en situation de crise. Partie des Etats-Unis, la crise financière déferle aujourd’hui sur le reste du monde et n’épargne pas notre pays.

Cette crise révèle la faillite d’un système, celui de l’argent fou où l’on fait de l’argent sur de l’argent, de la spéculation sur de la spéculation, en construisant au finale une économie virtuelle, qui s’écroule en même temps que la confiance des marchés. C’est la faillite d’un modèle où les impératifs de rendement financier, à très court terme, ont pris le pas sur la pérennité de l’activité, où la concurrence rime avec loi de la jungle, où l’homme, à fortiori, lorsqu’il est salarié n’est plus qu’une variable d’ajustement.

La suite est prévisible, elle était d’ailleurs inscrite en filigramme ces derniers mois, les chiffres du chômage d’août en attestent. La suite, c’est la crise de l’économie réelle, la baisse de la consommation, pourtant déjà inférieure d’un point en France par rapport à la moyenne européenne, l’augmentation du chômage, la baisse aggravée du pouvoir d’achat.

Les conséquences ne seront pas les mêmes pour tous. Les 15 000 contribuables qui ont bénéficié du bouclier fiscal et d’une chèque moyen de 16 000 € devraient s’en sortir, par contre que dire des salariés de Renault qui voient déjà, chaque mois, leur bulletin de salaire amputé de 400 € pour cause de chômage technique, et dont l’avenir se résume aujourd’hui à 1000 suppressions de poste et un hypothétique véhicule à l’horizon 2012. Vont-ils devoir pendant 4 ans se satisfaire d’un salaire réduit d’un tiers parce que Monsieur GOSHN a décidé de maintenir une marge opérationnelle de 6% pour satisfaire ses actionnaires au premier rang desquels l’Etat.

L’autre conséquence de l’affolement de ces dernières semaines, et on s’en serait réjouit, si elle n’était le produit d’une situation extrême, c’est la réhabilitation, aux yeux de ceux qui la combattaient de l’action de la puissance publique.

700 milliards d’euros aux USA, 250 de plus annoncés ce matin ; 600 en Grande Bretagne ; 400 en Allemagne ; 300 milliards en France. Les Etats sont de retour après avoir tout laissé faire et dérégulé pour sauver un système financier gagné par la folie, alors qu’ils étaient jusqu’à présent incapable de mobiliser 1 milliard d’euros pour sauver 20 millions d’enfants qui meurent dans le monde.

Les sommes engagées font tourner la tête, mais ne nous enivrons pas, ne tombons pas dans l’angélisme. Nous acceptons d’être, comme contribuable, pompier de la crise, mais nous n’accepterons pas que l’argent public soit mobilisé pour nationaliser les pertes et que les profits restent privatisés.

L’argent public devra revenir et nous attendons avec impatience de connaître les mesures qui seront annoncées aujourd’hui même par le Gouvernement.

Espérons donc que les mesures et moyens mobilisés pour éviter la banqueroute seront efficaces et juguleront la crise financière, mais ne nous voilons pas la face, derrière celle-ci arrive la crise de l’économie réelle et la crise sociale.

Ici en Seine- Maritime :

-         l’automobile va mal et plusieurs de nos collègues nous en parlerons lors du débat de politique départementale,

-         le bâtiment s’essouffle

-         le crédit se fait rare et la consommation va en pâtir.

Alors que plus personne ne conteste la légitimité de l’intervention publique, le Gouvernement ne change pas de cap dans ces réformes.

Non seulement, l’ensemble des prévisions repose sur des bases erronées, mais le Gouvernement persiste, avec une politique fiscale injuste (7 milliards de recettes en moins) et une réduction drastique des moyens de l’intervention publique  :

-         baisse de 300 M€  pour le logement

-         moins 7,6 % sur trois ans pour le développement durable

-         moins 14,7 % les crédits de la mission « travail et emploi »

-         suppression de 30 627 postes de fonctionnaires.

 Et l’étouffement programmé des collectivités locales qui verront leurs dotations stagner alors que l’inflation sera de 2,3 %. Seulement 440 M€ d’augmentation pour 36 000 communes, les intercommunalités, Départements et Régions alors que les transferts ne seront toujours pas compensés et que la fiscalité locale n’aura pas été revue.

Ce projet de loi de finances, élaboré avant la crise est caduque, tant pour ce qui est de ces prévisions de recettes que pour ces dépenses.

Nous avons pour faire face à la situation plus que jamais besoin de l’action de l’Etat et des collectivités territoriales qui réalisent aujourd’hui 70 % des investissements publics.

Alors que penser du brouhaha organisé autour de la réforme institutionnelle.

Un jour on annonce la suppression des Départements, le lendemain le regroupement des communes et intercommunalités, le surlendemain, la fusion des Départements et Régions.

Et ce faisant, on instruit le procès des collectivités territoriales et de leurs agents, les pointant du doigt, comme s’ils étaient responsables du désengagement de l’Etat et des déficits publics - ce qui est faux On nous prépare en fait deux choses :

-         Un recul supplémentaire de l’action publique dans les territoires répondant à la logique idéologique du Gouvernement car les collectivités, à commencer par le Département, sont des services publics efficaces qui protègent nos concitoyens, luttent contre les inégalités sociales, investissent pour l’avenir des nos enfants et de nos territoires. Les français reconnaissent et apprécient leur action.

Elles souffrent aujourd’hui, du manque d’ambition de la loi d’Août 2004, qui s’est contentée pour toute décentralisation de transférer des charges en les compensant mal.

Nous avons besoin d’une réforme, mais réellement concertée pour plus d’efficacité.
-         une réforme de la fiscalité locale tout d’abord plus redistributrice (entre les salariés et ceux qui les emploient, entre les collectivités locales et l’Etat) et juste, garantissant dynamisme des ressources et le principe de libre administration

-         une réforme des dotations de l’Etat, avec un nouveau pacte de confiance et de croissance

-         une réforme des compétences, visant à leur clarification en usant du contrat entre les différentes collectivités comme nous l’avons fait ici en Haute-Normandie avec le 276

-         une réforme de la représentation.

Nous n’avons par contre pas besoin d’un nouveau coup politique s’apparentant à un formidable déni de démocratieQue penser d’une soi-disante réforme qui ferait des Conseils Généraux des Conseils Régionaux, regrouperait les Régions, ferait perdre, ici à la Gauche, sur le tapis vert, deux Départements et deux Régions.Car le coup politicien est là : réunir les assemblées départementales des cinq Départements surreprésentant les Départements de Droite, puisque un Conseiller Général de l’Orne représente 6 000 habitants, alors qu’un Conseiller Général en Seine-Maritime représente 16 000 habitants.

Nous avons aujourd’hui besoin de clarté, de cohérence.

Le Président de la République appelle à l’unité nationale. Celle-ci n’est possible que si tout le monde est respecté. Ce n’est pas le cas.

L’articulation, l’efficacité et la puissance des collectivités locales sont une garantie de la cohésion sociale et un soutien précieux à la consommation. Ce serait une erreur historique que de casser leur action.

La crise est grave. J’appelle nos collègues de l’UMP à l’unité territoriale. Le rôle essentiel de nos collectivités le justifie.

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