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Le blog de Eric de Falco

Le blog de Eric de Falco

conseiller général du 1° canton de Rouen


U ne réserve d'indiens?

Publié par Eric de Falco sur 20 Juin 2009, 09:22am

Catégories : #politique nationale

Philippe Val arrive à France Inter avec une réputation bien chargée : "Traître à la gauche", "copain de Carla", "nommé par Sarkozy". Le chroniqueur Stéphane Guillon a assuré à vingt personnes que le futur directeur de la station allait "sûrement" le virer. Le répondeur de "Là-bas si j'y suis", l'émission de Daniel Mermet, est saturé de messages de soutiens préventifs, au cas où Philippe Val serait tenté de la supprimer. Sur les sites de la gauche radicale, c'est pire encore. Val y est vilipendé avec une violence rare. Il était l'ancien patron de Charlie Hebdo, journal de la contre-culture. On le croirait sorti, à les lire, des plus droitiers courants de l'UMP. "C'est bien simple, remarque, désolé, Charb, le successeur de Val à la tête de Charlie, Philippe est plus critiqué dans ce milieu que Lagardère.. Au coeur même d'Inter, on connaît Philippe Val depuis longtemps. Son visage taillé à grands traits secs. Ses citations de Voltaire et de Spinoza. Son humour mordant et, dans ses mauvais jours, son emphase et son moralisme sentencieux. Le jour où il a incendié à l'antenne les amateurs de corrida en lançant : "A ceux qui m'opposeront Picasso et Montherlant, je répondrai que Picasso et Montherlant étaient de grands artistes, mais de petits humains", beaucoup ont levé les yeux au ciel. Après avoir dirigé la joyeuse bande de Charlie, on ne l'imaginait pas, cependant, se coltinant l'énorme paquebot d'Inter.

Philippe Val est formel : il n'a songé à prendre la direction de la radio qu'à partir de janvier. Lorsque, au cours d'un déjeuner au Perron, un bon restaurant italien près de Saint-Germain-des-Prés, son grand ami Jean-Luc Hees lui a expliqué pour la première fois : "J'ai envie de postuler à la présidence de Radio France. Si cela marche, viendras-tu à la tête de France Inter ?" Hees et Val se connaissent depuis qu'en 1992 l'ancien correspondant de la station aux Etats-Unis a invité le directeur de la rédaction de Charlie Hebdo dans une émission, puis lui a offert une chronique.

Philippe Val reconnaît avoir alors évoqué l'affaire avec un proche du président de la République et Carla Bruni. "Carla" est une amie depuis 2005. "Elle était d'abord, à l'époque, la femme de mon pote", le philosophe Raphaël Enthoven. Val, ancien chanteur et bon pianiste, partage avec elle des dizaines de soirées à rejouer le répertoire des grandes chansons françaises. Le mariage de la jeune femme avec Nicolas Sarkozy ouvre à Philippe Val l'oreille de l'Elysée. Au conseiller du président, à son épouse, il assure "n'avoir parlé que de Jean-Luc Hees, puisqu'il était convenu que ma venue ne dépendrait, ensuite, que de lui". L'intervention a eu du poids. "Jusqu'alors, Nicolas Sarkozy n'y avait pas songé", assure un proche du chef de l'Etat. Fin février, Hees est effectivement reçu à l'Elysée. L'affaire est faite.

Et Val ? "Je voulais partir de Charlie depuis un an déjà." Depuis que la rupture tonitruante avec le dessinateur Siné, accusé d'antisémitisme par Val à l'été 2008, a fait chuter les ventes de Charlie Hebdo et brisé un bout d'âme dans la rédaction. Inter sera l'ultime normalisation. La fin d'un long divorce aussi, qui résume un pan du grand récit de la gauche française.

 

 

Raphaëlle Bacqué
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