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Le blog de Eric de Falco

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conseiller général du 1° canton de Rouen


A quoi mesure-t-on une crise?

Publié par Eric de Falco sur 10 Novembre 2013, 07:59am

Catégories : #politique nationale

Notamment à la vitesse à laquelle les scénarios les plus délirants circulent. Tous ou presque en conviennent : rien ne va plus. Les quinze derniers jours ont été terribles : l’affaire Léonarda, la reculade sur la taxation de l’épargne, les jacqueries en Bretagne, le moratoire sur l’écotaxe… Le tout sur fond de montée du Front national et de record d’impopularité de François Hollande.

Dans un tel contexte, il n’est pas très étonnant qu’un grand concours Lépine se soit ouvert : que doit maintenant faire Hollande ? Plusieurs proches, y compris à l’Elysée, plaident pour que le chef de l’Etat n’attende pas le résultat des élections municipales et européennes de l’an prochain pour renverser la table, très vite. Pourtant Hollande devrait, une fois de plus, laisser passer l’orage.

Pour le chef de l’Etat comme pour ses troupes, plusieurs principes de réalité s’imposent. D’abord, la majorité est en plein marathon budgétaire jusqu’à la mi-décembre, voire jusqu’aux vacances de Noël. «Rien ne peut bouger tant qu’on n’a pas un budget», prédit un pilier socialiste de l’Assemblée nationale. Malgré cela, certains restent persuadés qu’il faut créer la surprise, sans pour autant devoir tout changer : «Entre maintenant et Noël, il y a les moyens de recréer une dynamique», plaide un conseiller ministériel.

Sur les radars de la majorité, viennent ensuite les municipales et les européennes, en mars et mai. En janvier, à ce moment du quinquennat, qu’il a toujours divisé en deux temps (redressement puis «partage des fruits de la croissance»), Hollande pourra jouer sur ce tout petit mieux pour dire «je remercie Jean-Marc Ayrault, sa tâche était très dure mais nous entrons dans une nouvelle phase», complète le ministre. Même à l’Elysée, le scénario divise. «Le remaniement, c’est le marronnier des conseillers ministériels, mais cela n’a aucun intérêt pour Hollande, explique un conseiller présidentiel. Il faut limiter les dégâts sur les municipales, donc on ne va pas tout foutre en l’air maintenant.»

La multiplication des bourdes et reculades de ces quinze derniers jours ne suffit pas pour justifier le grand ménage. A l’Elysée, on se dit pourtant attentif aux états d’âme d’une partie de la majorité. «On entend chez certains élus que notre politique de l’offre n’est pas assez à gauche, confie un proche du chef de l’Etat. Et comme les résultats tardent, il est normal que les doutes s’expriment.» Porte-parole des députés socialistes, Thierry Mandon confirme une impatience : «On sait qu’on ne changera pas de politique, mais le temps est proche d’une inflexion européenne sociale et fiscale.»

Mais si inflexion il y a, ce sera probablement plus dans le choix des mots que dans la conduite de la politique économique. «Il faut reprendre le fil que l’on a jamais quitté : la bataille contre le chômage», confie un collaborateur du Président. Au sommet de l’Etat, on guette l’horizon de la fin de l’année en espérant que surgisse enfin une île : celle de la confirmation de la (petite) reprise économique et surtout l’inversion de la courbe du chômage. «Il faut se battre, on n’est pas dans un truc irréversible, confie un ministre hollandais.

François Hollande déteste devoir réagir à la pression. Après l’affaire Cahuzac, une grande partie de la hollandie prédisait déjà un remaniement imminent… Pas question, pour ses proches de chambouler un agenda qui sera dominé dans les semaines qui viennent par une lourde séquence internationale (visite en Israël, puis sommet des chefs d’Etat africains à Paris, voyage au Brésil, etc.). Une façon aussi pour le président de la République de retrouver un peu de hauteur liée à sa stature.

Pour autant, Hollande a conscience que son dispositif doit être corrigé. Un fidèle : «Ce qui est certain, c’est qu’on ne peut plus avoir cette improvisation avec un président qui parle à 11 heures, un Premier ministre à midi, un PS qui n’est pas au courant et un ministre qui arrive en avion en disant "je ne suis pas d’accord".» Certains qui ont vécu la période Jospin regrettent par exemple les petits-déjeuners du mardi ouverts à l’ensemble de la majorité, et non aux seuls socialistes (comme c’est le cas aujourd’hui), et les réunions de coordination entre ministres tous les quinze jours. «Pourquoi Duflot n’est pas à la réunion des cadors de la majorité du lundi chez Ayrault ? Ce n’est pas normal», s’interroge un proche du chef de l’Etat. Pas certains que cela change la marche du gouvernement. Mais puisqu’il faut tenir…

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