Trois hommes, un même défi: adapter la construction de l’habitat au milieu naturel et à nos modes de vie. Ces acteurs du développement durable ont choisi de repenser la question de l'énergie et des déchets en proposant des solutions simples et originales dans le domaine de l’habitat. Cette problèmatique soulève la question du passage d’une maison énergivore à un habitat à énergie positive. Fabrice Blais spécialiste de l'auto-construction écologique et Régis Faguelin, fondateur d'Alter-Bâtir, s’interrogent sur le coût et l’impact de l’éco-habitat, mais également sur les initiatives mises en place pour le promouvoir et le développer.
Dans un contexte d’urgence écologique, l’habitat vit une mutation. Exigences thermiques renforcées, bios matériaux et nouveaux moyens énergétiques s’invitent dans nos chaumières. En France, dans un parc immobilier vieillissant, la moyenne de consommation par logement est de 240 kWh, soit 12% supérieure à la norme fixée pour 2012 et 38% pour 2020. Le bâtiment représente la deuxième source d’émission de Co2 après les transports. De fait, les enjeux sont colossaux! Seul l’habitat bioclimatique basse énergie, utilisant exclusivement des matériaux écologiques choisis selon le climat régional, pourrait inverser la tendance. Aussi, des initiatives publiques sont mises en œuvre pour l’encourager, comme la loi Scellier pour l’habitat neuf. Et pourquoi ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre et imaginer ces innovations, qui réconcilient la modernité avec la nature, à l’échelle d’un quartier et même d’une ville?
Le changement ne s’inscrit pas que sur un bout de papier mais sait se faire une place dans nos paysages. L’ingénieur français Fabrice André a fait de son refuge du Col de Sarenne un laboratoire d’innovations multiples. Sa particularité ? Arriver à gérer différentes sources d’énergies renouvelables en les mariant selon la météo et les apports. Rolf Disch s’est lancé, quant à lui, dans la construction d’un quartier expérimental. Dans la ville de Fribourg-en-Brisgau, surnommée "Solar City" pour son choix de l’énergie solaire comme alternative au nucléaire, des maisons «énergie plus» ont vu le jour. Enfin, l’exemple de Curitiba, au sud du Brésil, prouve qu’une métropole de plus de 2 millions d’habitants peut devenir le symbole d’une cité verte. Jaime Lerner, architecte et ancien maire de la ville, a su mettre en œuvre de nombreuses innovations : participation citoyenne dans la gestion des espaces verts, programme d’éducation pour la gestion des déchets, système de troc des détritus contre des fruits et légumes et invention du métro bus.
Pourtant, beaucoup boudent l’éco-habitat, trop vite taxé de coûteux, inaccessible, et injustement relégué au rang de caprice de "bobos". L’accès à la propriété devient un parcours du combattant. Le besoin en logement est criant. Fabrice Blais accompagne des personnes dans l'auto-construction collective de maisons écologiques à très haute performance énergétique et à un coût modéré. Régis Faguelin a, quant à lui, créé une Coopérative d'Activités et d'Emploi en éco construction. Ainsi, ces entrepreneurs de bâtiments "verts" bénéficient d'un accompagnement gratuit, cofinancé par différents partenaires publics ou issus de l’économie sociale, et mutualisent leurs savoir faire.
Tout reste possible et le record d’émissions de CO2 établit en 2010 doit nous porter à agir vite, sous peine de voir le danger d’une planète invivable devenir irréversible !