A l'issue du scrutin législatif anticipé de vendredi et samedi, le Parti social-démocrate tchèque (CSSD) de Bohuslav Sobotka, 41 ans, l'a emporté "d'un cheveu", avec 20,5 % des suffrages. Pas de quoi s'ébaudir. D'autant que, derrière, en embuscade, l'ANO ("oui" en tchèque), formation populiste d'Andrej Babis agrégeant les mécontents du système, a glané 18,7 % des voix. A cette aune, estime la BBC, le milliardaire d'origine slovaque de 59 ans, qui a bâti sa fortune sur l'alimentaire et les engrais peut être considéré comme le véritable gagnant de cette élection, induite par les affaires de malversations et d'espionnage ayant provoqué la chute du gouvernement de centre-droit de Peter Necas, en juin. Alors que le paysage politique apparaît "fragmenté", il est fort probable qu'il tienne prochainement le rôle de "faiseur de rois". Andrej Babis a d'ores et déjà fait savoir qu'il ne soutiendrait pas un cabinet de gauche qui appelle à augmenter les impôts. Sa ligne rouge ? La présence de communistes (15 % des voix) au pouvoir. A travers leur vote, les électeurs, eux aussi, ont adressé un message clair à la classe politique, beaucoup estiment que la révolution de 1989 n'a pas tenu toutes ses promesses. Et n'aspirent qu'à une chose : bouleverser un statu quo mortifère, synonyme de corruption endémique.
Et si demain, à force d'hésitations, de renoncement et de communication illisible, les mêmes causes produisent les mêmes effets?