Face à la crise, vivement une panacée ! Pour remédier à «la détérioration très rapide dans les domaines économiques et sociaux», un remède universel : «l’unité nationale» pour le président du Modem, François Bayrou, ou «l’union républicaine» version Jean-Louis Borloo. Des incantations qui ressortent régulièrement en période de désordres économique, social, politique, voire moral…
En ces temps de doute profond des Français sur la capacité de François Hollande à surmonter les difficultés, les deux figures de la famille centriste ont exhumé un vieux fantasme de la vie politique française, celui du rassemblement de la droite et de la gauche dans une grande entente pour s’accorder à résoudre les grands problèmes du moment.
Même s’il ne semble pas convaincu par cette idée, François Hollande admet néanmoins, dans un entretien à Paris Match qu’il y a «des causes qui doivent nous réunir. Aujourd’hui, la lutte contre le chômage, le redressement productif, la place de la France dans la mondialisation sont des enjeux qui dépassent les clivages».
Un discours qui devrait - partiellement - contenter Jean-Louis Borloo qui, lundi, évoquait «des sujets sur lesquels nous sommes tous d’accord. Nous en discutons dans les couloirs de l’Assemblée nationale. Il y a dix mesures urgentes à prendre de redressement national».
Bayrou et Borloo mettent aussi en avant cette thématique pour des raisons partisanes. Le premier parce qu’il trouve que Hollande mène une politique centriste qu’il pourrait conduire lui-même. Et le second trouve là une ouverture pour se démarquer d’une UMP arrimée aux thèmes droitiers de la campagne présidentielle de Sarkozy.
«Formellement, rien ne s’oppose à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale, tranche le constitutionnaliste Guy Carcassonne. Mais politiquement, cela apparaît nettement improbable.» « Dans l’esprit des Français, ajoute-t-il, l’idée d’un tel gouvernement ressurgit à chaque fois qu’un gouvernement est impopulaire» ou semble impuissant. Même Borloo semble réticent à une telle construction : «Nous ne sommes pas favorables à un gouvernement d’union nationale qui regrouperait des gens différents avec la même majorité parlementaire, cela n’a pas de sens.»
Les gouvernements d’union ne sont apparus qu’aux périodes de crise profonde. «C’est un mythe qui a rarement trouvé sa concrétisation dans l’histoire. Le Conseil national de la résistance en a été un exemple», constate Stéphane Rozès, président de la société Conseil, Analyse et Perspective. «Même le gouvernement d’union nationale conduit par De Gaulle à la Libération n’a duré que six mois», reprend Guy Carcassonne, pour qui «ce type de gouvernement ne peut exister qu’au terme de solides discussions programmatiques».