La monnaie chinoise reste "considérablement" sous évaluée, selon le rapport semestriel sur les changes publié vendredi 12 avril à Washington par le département du Trésor, qui demande une nouvelle fois à Pékin de hâter une hausse du yuan sans pour autant accuser la Chine de manipulation, ce qui aurait permis au Congrès américain d'imposer des sanctions commerciales au pays.
Dans sa précédente étude, publiée fin novembre, le ministère notait que les autorités chinoises avaient "réduit considérablement leur degré d'intervention officielle sur le marché des changes depuis le troisième trimestre de 2011". "Il apparaît que l'intervention (de la banque centrale chinoise sur le marché des changes) a repris", observe le Trésor, jugeant toujours "nécessaire que le yuan s'apprécie davantage par rapport au dollar".
Selon les Etats-Unis, la monnaie chinoise – qui s'échangeait vendredi au cours de 6,1921 yuans pour un dollar – s'est appréciée de 10 % par rapport au billet vert depuis juin 2010, date à laquelle Pékin a décidé d'autoriser le yuan à flotter plus librement par rapport au dollar. Les mouvements du renminbi restent néanmoins très encadrés puisque les autorités chinoises ne l'autorisent à fluctuer qu'à l'intérieur d'une marge de plus ou moins 1 % autour d'un cours pivot fixé quotidiennement par la banque centrale.
De façon plus générale, le Trésor estime que, "parmi les principales économies émergentes, un grand nombre d'entre elles, surtout en Asie, ont un taux de change plus contrôlé qu'il le faudrait". Washington appelle ces pays à "davantage de flexibilité et de transparence".
En dehors de la Chine, le rapport s'attarde, dans ses conclusions, sur le cas du Japon, dont la banque centrale a lancé début avril une offensive contre la déflation. Sur le marché des changes, cette nouvelle politique tend à faire baisser le yen. Le Trésor américain prend note de l'engagement répété des autorités japonaises à lutter principalement pour soutenir la demande intérieure et de leur promesse de ne pas chercher à faire baisser artificiellement le yen. Mais ils indiquent qu'ils comptent "surveiller de près" ce que fait Tokyo à qui ils demandent de ne pas se lancer dans une "course à la dévaluation".
Le ministère reproche par ailleurs à la Corée du Sud d'être intervenue en 2012 sur le marché des changes pour limiter la montée du won, qui, selon Washington, s'est apprécié de 8 % par rapport au billet vert cette année-là. Sans pour autant accuser Séoul de manipuler sa monnaie, le Trésor demande aux Coréens de "limiter leurs interventions aux cas exceptionnels de perturbations sur le marché des changes".
Le rapport a été publié à une semaine d'une rencontre des ministres des finances des pays riches du G20 prévue à Washington en marge des rencontres de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale