Seize hauts diplomates français «qui ont terminé leur mission publique mais qui ont gardé leur ambition pour la France » viennent d'adresser au Président de la République une lettre ouverte dans laquelle ils suggèrent que la France prenne une initiative pour relancer les négociations entre Israéliens et Palestiniens, dans le but de mettre un terme à un conflit qui « demeure au cœur de l'avenir du Proche-Orient et affecte l'ensemble du monde arabo-musulman ».
Constatant que « les principes d'une solution » depuis longtemps connus ont été réaffirmés par l'Union européenne, le 11 décembre, à Bruxelles - allusion aux « Conclusions » du Conseil des ministres des Affaires étrangères européens qui avaient provoqué la colère du gouvernement israélien - ils proposent que la France présente au Conseil de Sécurité des Nations Unies une « résolution contraignante » traçant le cadre et définissant les objectifs « de l'ultime négociation à mener entre les parties ».
Cette négociation se déroulerait « sous le contrôle d'une conférence internationale qui veillerait à la mise en œuvre, dans des délais déterminés, de l'accord à intervenir et des garanties nécessaires ». A leurs yeux, le Quartette (Etats-Unis, Union européenne, Nations Unies, Russie) « devrait jouer un rôle majeur dans le suivi de cette prescription internationale ». « Fait exceptionnel, relèvent-ils, un accord est intervenu entre les 27 pays membres [de L'Union européenne] pour rappeler à Israël ses devoirs à l'égard de la communauté internationale et les graves conséquences d'une situation qui perdure depuis plus de quarante années d'occupation (le mur, les colonies, les spoliations, l'accaparement de Jérusalem) ».
« Jamais le gouvernement israélien, pressé par ses colons, n'a été aussi intransigeant, jamais la représentation palestinienne divisée n'a été aussi faible. Et cependant les chances de la paix sont réelles », estiment les auteurs de cette lettre, qui constatent la « modération » palestinienne et « l'offre arabe de reconnaissance pleine et entière d'Israël, si l'Etat palestinien est créé selon une équité historique avec Israël ».
Les principes de base de la négociation qu'ils préconisent se fondent sur les « termes de référence » établis depuis les accords d'Oslo et repris par la Feuille de route de 2003. Les frontières de l'Etat palestinien à créer doivent être celles de 1967 (sauf échanges de territoires mutuellement agréés), Jérusalem doit être partagée, avec garantie d'accès aux lieux saints, et une solution doit être apportée au problème des réfugiés.
« Les incertitudes qui pèsent sur une région essentielle pour la paix mondiale avec les menaces de recours à la force brutale ou de la montée des extrémismes dans cette partie du monde où le péril est contagieux, les souffrances d'une population délaissée ... tout marque l'urgence et l'opportunité de revenir au droit international qui seul peut fonder la paix et un ordre durable », insistent-ils, avant d'inviter Nicolas Sarkozy à donner « enfin aux Israéliens et aux Palestiniens les conditions d'une vie pacifique à laquelle ils aspirent pour aujourd'hui et pour demain ».