Une semaine après "le coup de tonnerre" de l'affaire DSK, la patronne du PS Martine Aubry a fait dimanche 22 mai un pas décisif vers une candidature à la primaire socialiste pour 2012 en se disant prête à "prendre ses responsabilités" et en évoquant pour la première fois son "envie".
"J'ai toujours pris mes responsabilités, les Français le savent, et je les prendrai, là aussi", a martelé le maire de Lille sur France 2.
Le 2 novembre 2008, alors qu'elle était poussée à annoncer officiellement sa candidature à la succession de François Hollande au congrès de Reims, elle avait utilisé les mêmes mots : "J'ai toujours dit que je prendrais mes responsabilités". Quelques semaines plus tard, elle prenait la tête du PS.
Devoir mais aussi, et surtout, "envie"
Alors que tout portait à croire qu'elle s'effacerait devant la candidature de Dominique Strauss-Kahn, la brutale mise hors-jeu du patron du Fonds monétaire international a rebattu les cartes.
Certes, il n'est pas question pour elle de céder à la "précipitation" .Elle a répété depuis décembre qu'elle se prononcerait personnellement "en juin", après l'adoption du projet du PS, le 28 mai, et avant l'ouverture des candidatures pour les primaires le 28 juin ."Laissez-nous le temps, la décence, la pudeur".
Martine Aubry a clairement signifié, même si elle maintient un léger suspense, vouloir être "utile" à la France."Je me suis préparée (...) Je continue cette réflexion qui est déjà, vous l'imaginez, très avancée". Devoir donc, mais aussi, et c'est nouveau chez elle, "envie", un mot qu'elle a répété à cinq reprises. "J'ai envie que la gauche gagne et j'ai envie d'être utile à mon pays", a-t-elle lancé, heureux hasard du calendrier pour elle, le week-end de la victoire du club de foot de Lille au championnat de France.
Autre indice sur sa probable candidature, Martine Aubry a lâché, alors qu'elle était interrogée sur ce qui la différenciait de François Hollande, en tête des sondages: "Je ne vais pas commencer les primaires aujourd'hui !".
Cette quasi-déclaration de Martine Aubry vise aussi à éviter que d'autres ténors du PS ne se ruent désormais vers les primaires. Juste avant son intervention, le maire de Paris Bertrand Delanoë n'a-t-il pas assuré sur Canal+ qu'il "n'hésiterait pas à prendre ses responsabilités" s'il était en "situation" ?
Le député PS Claude Bartolone a lui appelé les socialistes à éviter "une primaire de confrontation" et à se "réunir" derrière "la femme de la situation", Martine Aubry, qui incarne "la légitimité".
Le porte-parole du PS, Benoît Hamon, a affirmé dimanche que DSK lui-même répétait, avant l'affaire, que si Martine Aubry souhaitait y aller, elle était "la plus légitime" et il "n'irait pas".
De son côté, Harlem Désir a lui aussi apporté son soutien à la première secrétaire du PS. "Je pense qu'elle a toutes les qualités pour permettre à la gauche de l'emporter. C'est une femme d'Etat proche des gens. Elle incarne les valeurs sociales et républicaines qui sont les valeurs profondes de notre pays".
Quand à Laurent Fabius, qui reste aujourd'hui le plus présidentiable des socialistes, il reste indéfectiblement derrière Martine Aubry, quoiqu'il puisse lui en coûter et dépense des trésors d'énergie pour maintenir l'unité et le rassemblement derrière la candidate naturelle du Parti Socialiste.
Les français, qui en ont assez de la politique spectacle, centrée autour de l'argent et d'attitudes élitistes, semblent très attirés par la conviction et la "modestie" des candidats socialistes.
peut-être allons nous enfin revenir à un vrai choix de société, débarrassé de l'affectif et de l'hypermédiatisation, et recentré sur la politique, la vraie!