Dans un silence qui en dit long et après 10 mois d’un chamboulement institutionnel sans précédent, les ARS semblent présenter quelques signes de souffrance.
Après une loi HPST boulimique, le réflexe est maintenant acquis de confier à cette belle créature tout ce que les politiques peuvent inventer dans le domaine
sanitaire et social. Et l’exécutif de notre pays étant particulièrement prolixe, il n’est pas une semaine sans que les promesses, le plus souvent élyséennes, deviennent des exigences infligées
entre deux respirations à des ARS à court de souffle.
Fallait-il ces 250 maisons pluri professionnelles promises par un président, « flatteur de territoires », mais illico dégringolées par une circulaire
comminatoire de la DGOS.
Fallait-il mettre un peu de rationalité dans des systèmes d’informations de santé jugés aussi coûteux que cacophoniques que l’on dépêchait presto un IGAS sans pitié pour ajouter dans la musette
déjà pleine des agences la responsabilité d’y mettre bon ordre.
Et voilà à l’horizon le dossier de la dépendance aux mains d’une épuisante Roselyne Bachelot que l’on avait trop vite cru abattue, mais qui a trouvé un regain d’activisme en rappelant au souvenir
de tous que c’est elle-même qui avait versé le « A » de « l’Autonomie » dans l’escarcelle des ARS.
Le rapport Ritter commence à produire ses anticorps.
D’un ancien préfet pouvait-on espérer autre chose qu’une organisation préfectorale c'est-à-dire un corps de commis corvéables, parfaitement aptes à absorber les caprices d’un Etat à la recherche
de sa politique. Les accoucheurs des ARS ont oublié deux choses essentielles : la capacité des agents venant de six horizons différents à travailler ensemble et les ressources
Car c’est du côté des ressources que l’architecture pyramidale du système relève d’une
vision borgne de l’organisation. L’œil droit, celui du crédit et non du débit, a fait défaut à notre grand visionnaire. Car les ARS n’ont pas d’argent. Et plutôt que d’introduire de la
décentralisation dans cette réforme pourtant largement espérée, les laudateurs d’un Etat omnipotent ont négligé le potentiel des collectivités
territoriales.
À commencer par les communautés de communes prêtes à financer lourdement la remédicalisation du territoire en contrepartie d’un strapontin dans les prises de décision.
Et ne parlons pas des conseils régionaux qui, depuis la vague rose de 2004, avaient fini par mûrir sur les questions sanitaires et commençaient à imaginer, dans le
sillage de leurs prédécesseurs de droite, de faire avec les hôpitaux ce qui s’est fait pour les lycées et les trains régionaux. Même si le coup de gueule d’Alain Rousset,
le président de l’ARF (association des régions de France) ressemble fort au début des hostilités présidentielles, la question de la décentralisation est bel et bien sur le tapis.
À quand la prochaine réforme de la santé ? Avant ou après 2012 ?