Lettre ouverte sur la sécurité et la démocratie sanitaires éditée par le Collectif Interassociatif Sur la Santé CISS
Monsieur le Ministre,
Dans bien des domaines de l’activité humaine, de services ou industrielle, nous sommes exposés à des risques. Certains se concrétisent, d’autres non. Mais, il faut bien reconnaître que dans la santé cela finit par ressembler à un long chapelet de crises, plus ou moins intenses, qui scandent l’actualité à intervalles réguliers. Il est vain de croire que ces risques sanitaires vont se réduire. Pour plusieurs raisons. L’évolution du vivant fait surgir de nouveaux virus ou de nouvelles bactéries que les déplacements à la surface de la planète mettent en circulation de façon bien plus accentuée que par le passé. Les nouvelles technologies ont leur part dans l’élévation des risques : dispersion des nanoparticules dans certains milieux, notamment dans l’industrie ; sophistication de plus en plus grande des techniques de soin ; développement de l’informatique appliquée aux données de santé. La baisse de vigilance dans certaines politiques renforce certains risques : caractère facultatif des comités de lutte contre les infections nosocomiales dans les hôpitaux, suppression de la médecine du travail pour la remplacer par une médecine d’entreprise aux ambitions moins fortes, pharmacovigilance insuffisante comme le montre l’affaire du Médiator. Les comportements professionnels sont aussi à la source des risques quand les formations initiales et continuent sont insuffisantes pour prévenir les gestes erronés, sans parler des attitudes délictuelles dont on attend souvent qu’elles arrivent au plan pénal pour les décourager.
Quand ils se réalisent, ces risques prennent rapidement la tournure du scandale. Pourquoi ? Probablement parce que nous n’avons pas suffisamment fait le lien entre sécurité sanitaire et démocratie sanitaire. C’est l’équation manquante. Pourtant, transparence et contradictoire sont les deux points d’appui de la démocratie sanitaire qui serviraient utilement à prévenir les risques comme à retenir le scandale.