Après avoir –avec une maladresse assez confondante pour un politique expert à calibrer toutes ses décisions– fait publier la fameuse liste des 77 médicaments dans le collimateur de l’Afssaps1, Xavier Bertrand s’est lancé dans une stratégie plus réfléchie
C’est l’objet de ces fumeuses « Assises du Médicament » hyper-médiatisées qui doivent se tenir en septembre. Le ministre a, dans sa démarche, mobilisé un authentique routier de la santé en la personne d’Édouard Couty, ancien directeur d’hôpital ne connaissant sans doute rien au médicament mais parfaitement rompu à la Diplomatie en terre inconnue.
Mais enfin, l’exercice reste convenu et l’essentiel de la réforme est plus précisément dans la désignation de Gilles Johanet autre vieux routier de la gauche gestionnaire, au poste de président du Comité Économique des Produits de Santé. Assurément un des hommes les plus puissants de France, à la tête de la négociation d’un budget d’une petite trentaine de milliards d’euros par un système de convention … individuelle.
En tout état de cause, rendez-vous en octobre, pour voir de quoi sera donc faite cette réforme du médicament censée nous mettre à l’abri du prochain scandale. A défaut de transparence, il ne serait pas accessoire que cette réforme accouchât d’un minimum de cohérence, de lisibilité dans le processus de définition des prix et des remboursements des 6000 molécules disponibles dans les 22 000 officines de France.
Car on obtiendra de progrès sur le chemin de la responsabilité de nos concitoyens qu’à condition de leur donner quelques clés de
compréhension : pourquoi un médicament princeps peut-il, au bout du compte, coûter moins cher que son générique ? Pourquoi, dans une même classe thérapeutique, la gamme de prix peut-elle
aller du simple au double ? Pourquoi un médicament déremboursé peut-il voir son prix tripler en passant « devant le comptoir » ? …
En un mot, il faudrait à la réforme du médicament un peu de bon sens pour remettre l'attelage dans le sens de la marche. Sans négliger évidemment la prescription du médecin et la délivrance du pharmacien. Dans l’absolu, il y aurait une certaine logique à redéfinir le processus en abandonnant au pharmacien la responsabilité complète, absolue et … juridiquement opposable de toute la chaîne de la délivrance médicamenteuse.
Une authentique révolution sans doute, mais ce renversement contribuerait plus surement à préserver le maillage de la pharmacie officinale que la révision des marges!