Initialement, le mélange
gauche-droite opéré par Sarkozy passait pour du pragmatisme. Le problème dans ce pays où les contre-pouvoirs sont peu nombreux et la fonction présidentielle extraordinairement puissante, c’est
que ce flou lui a permis d’assujettir les décisions économiques à ses besoins politiques. Sarkozy s’est joué de son opposition en recourant à une technique de déstabilisation qu’il appelle
"ouverture" — consistant à débaucher personnel et idées sur tout l’échiquier politique. Il a rallié les électeurs de l’extrême droite au
cours de la campagne en durcissant son discours, sur le thème de "la France on l’aime ou on la quitte", avant d’embarrasser les socialistes en prenant dans son gouvernement plus de personnalités
issues des minorités visibles qu’ils ne l’avaient jamais fait. Il a même fait de vedettes du Parti Socialiste telles que Bernard Kouchner son ministre des affaires étrangères, et de Jack Lang un
envoyé spécial. Le mois dernier, il a appliqué une recette similaire, adoptant à nouveau un discours musclé sur les immigrants illégaux et la burqa, afin de corriger les erreurs du mois
d’octobre, au cours duquel son silence sur l’arrestation de Roman Polanski et la tolérance affichée envers les incartades sexuelles d’un membre de son gouvernement avaient suggéré de la
permissivité chez le président.
Politiquement, c’est astucieux. Dans le domaine économique, cette fantasque indifférence aux conséquences à long terme constitue un
danger. Le principal problème de Sarkozy, c’est l’absence de suivi. Il a su lancer des réformes à un rythme encore jamais vu en France. L’Institut Thomas More de Bruxelles a effectué un suivi des
490 promesses de campagne et des 732 mesures annoncées par Sarkozy depuis son élection. Il a ainsi constaté que 80 % d’entre elles ont connu un début de mise en œuvre — un chiffre impressionnant.
Mais il a également constaté que nombre de ses initiatives ont été lancées à la hâte et n’avaient pas été conduites avec suffisamment d’énergie, "comme si l’envergure donnée à la réforme venait
en contradiction avec sa profondeur". Les gros efforts entrepris avant la crise, pour réduire le gaspillage dans le secteur public, par exemple, n’ont rapporté que sept petits milliards d’euros
d’économie. Et son fameux Plan Marshall des banlieues aux difficultés notoires, n’a pour l’essentiel jamais décollé. "Le président aime les surprises" rapporte l’institut, "et notamment lorsqu’il
se trouve dans une situation délicate". Mais ces surprises signifient des coûts supplémentaires à long terme pour le contribuable.
Mélange gauche-droite
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