La Chine a beau être la championne de l’ouverture économique, sur le plan stratégique elle continue de rester fidèle à ses réflexes millénaires de fermeture et de dissimulation. C’est ce que vient de montrer une passionnante étude – menée par des étudiants de l’université de Georgetown – portant sur ce que les militaires chinois appellent avec fierté "la grande muraille souterraine" : un réseau hallucinant de tunnels, 5 000 km en tout, par où transitent des trains spéciaux chargés de têtes nucléaires, missiles balistiques et autres rampes de lancement mobiles, reliant entre elles des bases elles aussi enterrées.
Un système étonnant que le Pentagone vient pour la première fois de mentionner dans son rapport annuel. Les étudiants, qui ont épluché des tonnes de documents les plus divers (presse militaire, docudramas, talk shows, interviews…) estiment à 3 000 le nombre des têtes nucléaires chinoises – soit dix fois les chiffres avancés habituellement – déclenchant une bataille d’experts d’autant plus virulente que l’on n’a en fait aucune idée des chiffres réels. Nul doute que les satellites de surveillance et les grandes oreilles de la terre entière vont guetter le moindre bruit émis par cette gigantesque taupinière.