Cette lettre ouverte m'a été transmise par le docteur Patrick Daime,
acteur majeur de la lutte contre les addictions
Lors de l’émission « tous politiques » France Inter / AFP / Le Monde, Monsieur Peillon, Ministre de l’Education Nationale, s’est prononcé en faveur d’un débat sur la dépénalisation du cannabis. L’émoi est immédiat : levée de boucliers, recadrage, recul… confirmant une fois de plus l’impossibilité dans notre pays d’aborder sereinement cette question difficile.
Pourtant Monsieur Peillon a au moins le mérite de la poser correctement :
- le constat d’une situation non satisfaisante : les trafics illicites, les dommages pour tous nos concitoyens
- la proposition d’ouverture d’un débat ensuite.
Ce débat mérite effectivement d’être ouvert, car discuter avec la population d’une question éminemment sociétale reste incontestablement la meilleure façon d’arriver à une réponse adaptée, comprise et acceptée, au-delà des aspects émotionnels, des débats réducteurs et des arrière-pensées. La Fédération Française d’Addictologie appelle à ouvrir un large débat public sur les questions difficiles posées non seulement par le cannabis, mais par l’ensemble des conduites addictives qui concernent toute la population.
Débattre n’est pas apporter des réponses toutes faites mais les construire ensemble. Loin de se précipiter vers des positions simplistes ou caricaturales, ces échanges devront au contraire permettre d’informer la population sur la réalité de ces conduites et leur dangerosité, de poser toutes les questions et les réponses en termes d’avantages et de risques, de façon à éclairer le pouvoir politique sur les réponses que souhaite la société et, nous l’espérons, sortir des solutions réductrices pour aller vers une grande politique globale et cohérente sur toute les addictions, seule à même d’apporter l’efficacité souhaitable.
Partick Daime