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Le blog de Eric de Falco

Le blog de Eric de Falco

conseiller général du 1° canton de Rouen


Thriller

Publié par Eric de Falco sur 8 Juillet 2011, 07:30am

Catégories : #actualité

C'est l'incroyable hasard d'une écoute téléphonique qui a obligé le procureur de New York, Cyrus Vance Jr, à baisser les armes. Une conversation entre Nafissatou Diallo, la victime présumée de Dominique Strauss-Kahn, et un détenu d'une prison de l'Arizona visé par une enquête pour trafic de drogue. "T'inquiète pas, ce type a plein de fric, je sais ce que je fais", lui a-t-elle dit, selon des sources policière et judiciaire. Et cela vingt-quatre heures après avoir déposé plainte pour tentative de viol à l'encontre de l'ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI).

 

Ce qui s'est passé le 14 mai dans la suite 2806 du Sofitel reste un mystère et l'hypothèse d'une agression sexuelle n'est pas écartée. Mais cette conversation, ajoutée à la série de mensonges proférés par la femme de chambre avant et pendant l'enquête et, sous serment, devant le grand jury, a achevé de convaincre l'accusation que son principal témoin avait perdu toute crédibilité pour convaincre douze jurés à l'unanimité, "au-delà du doute raisonnable", de la culpabilité de M. Strauss-Kahn. Lequel, vendredi 1er juillet, a dû être libéré sur parole.

 

Placée sous haute surveillance depuis ce 14 mai, Mme Diallo avait affirmé n'avoir qu'un seul abonnement de téléphone portable. La police, qui n'avait pas encore découvert qu'elle en détenait quatre autres, n'interceptait alors que les appels de ce téléphone déclaré.

 

De son côté, la police de l'Arizona, sans aucun rapport avec l'affaire DSK, espérait remonter une filière de trafic de drogue. Elle avait mis sur écoute un Gambien, prisonnier dans un centre de détention réservé aux immigrants illégaux. Il avait été arrêté pour possession d'environ 180 kg de marijuana qu'il troquait contre des contrefaçons de vêtements de marque dans le sud-ouest de Manhattan.

 

L'une de ses conversations, tenue en fulani, dialecte des Peuls, est mise de côté par les services dans l'attente d'un traducteur, sans urgence particulière. Lorsque vient le temps du décryptage, la surprise est grande : le dealer parle d'un certain DSK. Et la police finit par identifier sa correspondante, détentrice du portable qui appelait avec une carte prépayée, sans que son nom n'apparaisse : Nafissatou Diallo.

 

Selon le criminologue Alain Bauer, conseiller du New York Police Department (NYPD), ce sont les policiers de l'Arizona qui avertissent leurs confrères de New York, lesquels informent les enquêteurs du procureur. "C'est le choix du NYPD d'avoir pris en compte la dimension criminelle en plus de la dimension sexuelle qui a conduit à confondre la femme de ménage", note M. Bauer.

 

Il apparaît alors que Mme Diallo paye l'abonnement de ce portable inconnu à partir d'un compte bancaire qu'elle n'a pas déclaré à la police. Que le prisonnier avec qui elle s'entretenait fait partie des quelques personnes ayant procédé à des transferts d'argent d'un montant total de 100 000 dollars vers divers comptes bancaires de la jeune femme en Arizona, en Pennsylvanie, en Géorgie et à New York. D'après un membre de sa famille cité par Le Journal du dimanche, ce prisonnier n'est autre que son second mari. Elle l'aurait rencontré dans le Bronx et épousé religieusement.

 

De l'identification de la conversation téléphonique à la traduction transmise à M. Vance, mercredi 29 juin, six longues semaines passent pendant lesquelles M. Strauss-Kahn a le temps d'être incarcéré, formellement inculpé, assigné à résidence avec bracelet électronique et surveillance armée, au prix de plusieurs millions de dollars. De perdre son poste à la tête du FMI et son avenir politique en France.

 

C'est un fait : M.Sarkozy, depuis 2002, connaît certains aspects de la vie privée des personnalités susceptibles de présenter un jour un danger électoral. A son arrivée au ministère de l'intérieur, il a constitué une équipe de fidèles qui lui doivent tout. De Bernard Squarcini, patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), à Claude Guéant, ministre de l'intérieur, en passant par Alain Gardère, directeur adjoint du cabinet de ce dernier, ou Michel Gaudin, préfet de police de Paris, cette équipe est la mieux renseignée de France.

Fin avril, DSK avait d'ailleurs identifié le danger, comme l'a rapporté Libération : son appétence pour les femmes, certes, mais surtout les méthodes supposées de M. Guéant, à l'origine selon lui de la propagation des rumeurs sur sa vie intime.

De tout temps, la police a été l'instrument du pouvoir. Avant d'accéder à la présidence de la République, François Mitterrand, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy sont tous passés par la Place Beauvau. Lors de son retour à l'intérieur, en juin 2005, M.Sarkozy avait confié : "Je serai mieux protégé."

 

De fait, il en profita pour retourner l'affaire Clearstream en sa faveur, et surtout placer ses hommes aux postes clés. L'une de ses premières mesures fut de renvoyer Gérard Dubois, un conseiller du préfet de police – chiraquien – Philippe Massoni, accusé de s'être répandu sur la liaison de son épouse de l'époque, Cécilia, avec Richard Attias.

 

Il n'en reste pas moins que le chef de la sécurité du Sofitel est un ami de longue date de Squarcini cité plus haut et que la cellule renseignement de l'Elysée n' été prévenue qu'une heure et demie après l'arrestation de DSK  par la direction du Sofitel....Pourquoi, comment?

Cette histoire n'a pas fini de nous occuper et d'impliquer des acteurs inattendus aujourd'hui.

Tous les indices tournent de plus en plus près de la tête de l'Etat. Cà pue!

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