Un monde où les citoyens ne laissent pas construire, en priant à voix basse pour que tout aille bien, des centrales nucléaires dans des zones à grands dangers. Un monde où cette énergie nucléaire, justement, n’est pas considéré comme la panacée d’une société industrialisée de plus en plus énergivore.
Est-ce cela que les électeurs du land de Bade-Wurtenberg ont voulu dire à leur chancelière, Angela Merkel, en renversant, au profit des verts et du SPD, la majorité libérale CDU, leader depuis 58 ans dans cette riche région du sud de l’Allemagne ?
Le débat sur le nucléaire a fortement pesé sur le scrutin. Samedi, 250 000 personnes ont manifesté, dans plusieurs grandes villes du pays, pour réclamer la fermeture définitive de l’ensemble des centrales nucléaires allemandes, la tête encore pleine des images de fumées grises ou noirâtres, s’échappant des réacteurs de la centrale de Fukushima Daïchi et des annonces aussi inquiétantes que contradictoire de l’exploitant de la centrale, TEPCO. 10 km de zone d’exclusion autour de la centrale ? Largement suffisant.
Jusqu’au 12 mars... on passe alors à 20km et près de 180 000 personnes doivent quitter manu militari l’endroit où elles ont toujours vécu. A l’heure où nous écrivons, nouveau mot d’ordre : il est fortement recommandé aux personnes habitant entre 20 et 30 km de la centrale de quitter les lieux.
Samedi, fin d’après-midi, énième communiqué de Tepco : la radioactivité mesurée aux environs de l’un des réacteurs est dix millions de fois plus élevée que la normale. Quelques heures plus tard : non, non, on s’était trompés. Nous sommes profondément désolés mais cette radio activité n’est que 100 000 fois plus élevée que la normale.
Au passage, dans l’enceinte de quatre des réacteurs de la centrale, les plus inquiétants, des « flaques » d’eau -pouvant atteindre un mètre de profondeur- ont révélé une radioactivité laissant craindre un risque d’explosions en chaîne, dans les installations abritant des réacteurs manifestement entrés en fusion depuis au moins quinze jours. Une radioactivité présente dans l’air, dans l’eau des réacteurs et dans la mer, sur le littoral, elle est près de 2 000 fois plus élevée qu’en temps normal. Mais… il n’y a pas lieu de craindre pour la santé humaine, non, les poissons ne seront pas radioactifs.
Au fait, où exactement, sont évacués les millions de litres d’eau, radioactifs, utilisés depuis des jours pour refroidir les réacteurs ? L’Agence Internationale de l’Energie Atomique estime que la situation est très grave, et qu’elle pourrait demeurer critique pendant des mois… Sans qu’on sache vraiment à quel point elle est dangereuse, pour la région, pour le Japon, pour les océans et le reste de la planète.
Ce que je sais, c’est que je ne sais rien.
En France, grande puissance nucléaire, le « débat » ne dépasse pas le cercle des plus convaincus. Le gouvernement promet un audit de toutes nos installations mais qui peut croire une demi-seconde que la politique générale de la France en la matière puisse être remise en cause ?
Un monde où le développement humain et non plus seulement financier existe!