L’abandon de la taxe carbone après les élections régionales par le président est une volte face supplémentaire et caractérise la méthode Sarkozy qui consiste à annoncer des réformes, à surfer sur les médias et à ne jamais aller au bout.
Michel Rocard a regretté «vivement» mardi soir sur Europe 1 la décision du gouvernement de ne pas mettre en oeuvre comme prévu au 1er juillet la taxe carbone, dont il avait contribué à dessiner les contours. L'ancien Premier ministre socialiste avait organisé en juillet 2009 une conférence d'experts sur la taxe carbone, et avait recommandé à l'issue de cette concertation un prix de 32 euros la tonne de C02.
«Je regrette vivement cette décision. C'est très dangereux de laisser croire aux gens qu'on peut attendre et je trouve que la majorité, le gouvernement risquent de jouer le court terme contre le long terme, ce qui n'est jamais bien en politique», a déclaré l'ancien Premier ministre. «J'ai senti que le gouvernement était inquiet, pas très courageux, et peu décidé. Personne n'aime payer un impôt et pour être convaincu qu'il est nécessaire, il faut qu'il soit très bien expliqué.»
«Je suis désespérée que ce soit l’écolo-scepticisme qui l’emporte, a déclaré madame Jouanno. Je ne suis pas en phase avec cette décision», a-t-elle ajouté. «C’était possible de le faire en France avant de le faire en Europe. C’est ce qu’on avait prévu à l’origine, c’est ce que d’autres pays comme le Suède ont fait», a-t-elle ajouté. «C’est vrai que ce n’était pas parfait, qu’on aurait pu améliorer le texte, notamment concernant les particuliers pour qu’on puisse aider beaucoup plus les personnes à s’adapter», a-t-elle encore souligné.
Daniel Cohn-Bendit, chef de file d'Europe Ecologie, estime pour sa part que Jean-Louis Borloo et Chantal Jouanno, respectivement ministre et secrétaire d'Etat à l'Ecologie, peuvent démissionner après les annonces de François Fillon sur la taxe carbone.
A l'inverse, le patronat a manifesté sa satisfaction: «Nous sommes soulagés, notamment pour toute l'industrie qui n'aurait pas supporté ce nouveau handicap de compétitivité», a expliqué Laurence Parisot, présidente du Medef, dans un communiqué. «Nous avons su convaincre.»
Du côté de la FNSEA, principal syndicat agricole, l'heure est aussi à la satisfaction. «C'est une bonne décision, c'est une décision de sagesse, que de repousser les choses et de considérer qu'elle (la taxe carbone, ndlr) sera européenne ou ne sera pas», déclare son président Jean-Michel Lemétayer.
Nicolas Paulissen, délégué général adjoint de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR): «On a toujours dit que la taxe carbone n'avait de sens que si elle était européenne (...) L'argument qui est utilisé pour la supression de la taxe carbone est exactement l'argument que nous avions utilisé pour contester la pertinence de cette taxe franco-française».
2012 reste la date du bilan et du désaveu populaire d’une politique de destruction des services publics, de la démocratie locale et de la marchandisation de la société française. Aux Français de faire le choix de la solidarité et du lien social.