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Le blog de Eric de Falco

Le blog de Eric de Falco

conseiller général du 1° canton de Rouen


Une solution in extremis

Publié par Eric de Falco sur 8 Avril 2013, 06:35am

C'est un tout petit pays. Une économie qui ne pèse pas plus lourd dans la zone euro que le Limousin ou qu'une entreprise moyenne du CAC 40. Un poids si léger que Chypre intéressait bien plus les diplomates - en raison de sa moitié turque - que les économistes de Bruxelles. Ces derniers ont été trop longtemps convaincus que ses problèmes financiers pouvaient attendre, qu'ils étaient suffisamment ténus, à l'échelle de l'Europe, pour être réglés sans histoire. Grave erreur. En explosant, la crise chypriote joue un rôle de révélateur. Comme sur un tirage photo, les défauts de construction de la zone euro apparaissent, un à un. Les réformes adoptées - ou en cours d'adoption - peuvent-elles améliorer le fonctionnement futur de l'Union monétaire ? Ou l'euro est-il une folle construction ?

Samedi 16 mars, les Chypriotes ont appris, en allumant leur radio, que leurs banques allaient être sauvées mais qu'on prélèverait sur leurs comptes 6,75% jusqu'à 100.000 euros et 9,9% au-delà.Stupeur ! Qui a bien pu décider cela ? A Nicosie, c'est la panique. Les gens font la queue aux distributeurs, se massent devant les banques fermées, puis finissent par manifester devant le Parlement, en accusant l'Europe.

A l'autre bout du fil, à Bruxelles, personne... Personne pour expliquer comment le plan d'aide a été conçu. Personne pour rassurer les Chypriotes sur l'avenir de leurs banques. Personne pour leur dire qu'on leur demande un effort immédiat pour leur éviter un plan de rigueur interminable à la grecque. Personne non plus pour dire aux autres Européens qu'ils ne risquent rien à ce stade. C'est bien le problème de l'Europe. Et il n'est pas nouveau. En 1973 déjà, l'Américain Henry Kissinger ironisait :"L'Europe ? Quel numéro de téléphone ?"

Le président néerlandais de l'Eurogroupe (le conseil des ministres des Finances de la zone euro), Jeroen Dijsselbloem, finira par faire son mea culpa devant le Parlement européen. "Je n'ai pas empêché la taxe sur les petits dépôts, parce que c'était un compromis", a-t-il reconnu en s'excusant pour sa mauvaise communication. Et le président chypriote ne démentira pas avoir voulu taxer les petits comptes bancaires pour ménager les "nouvorichi" russes qui font tourner son économie... Cette fois-là, ses partenaires n'ont pas pu lui faire entendre raison, même en mettant 10 milliards d'euros sur la table ! Y a-t-il un patron en Europe ?

L'Europe a un président de la Commission, un président du Conseil, un président du Parlement, un président de l'Eurogroupe, un président de la Banque centrale, des chefs d'Etat puissants... mais aucun patron et pas d'unité politique. La décision collégiale, c'est bien pour légiférer, mais ce gouvernement par comité ne permet pas de décider dans l'urgence et de bien exécuter les décisions. C'est une vraie question qui est posée à l'Europe.

Pourquoi a-t-on attendu neuf mois pour traiter le problème ? Pour une raison politique d'abord. Le président chypriote de l'époque, Dimitris Christofias, a fait de la résistance. A six mois de l'élection présidentielle, alors qu'il occupait la présidence de l'Union, ce communiste n'avait pas envie d'infliger à son pays une cure d'austérité à la grecque, avec son incontournable potion libérale (privatisations et réforme du marché du travail). Proche de Moscou, il a appelé son grand allié, jouant sur deux tableaux.

 

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