Le 21 octobre 2010, il y a exactement cinq mois, Christian Estrosi, alors ministre de l’Industrie, s’est rendu en Libye. Au contraire d’Henri Guaino qui a passé, selon sa version, le nouvel an chez un ami diplomate, la visite de l’actuel maire de Nice était très officielle.
A l’issue de sa rencontre avec le ministre de l’industrie et des transports libyen, un accord de partenariat commercial a été signé entre les deux pays. Selon Christian Estrosi, cela devait «conduire à une coopération stratégique dans les domaines du transport, de la santé, de la construction, des hydrocarbures et de l'énergie nucléaire civile».
Pour le nucléaire, l’objectif pour la France est alors d’entamer des négociations préalables à une coopération. A l’époque, avant les révoltes dans le monde arabe, la guerre contre la Libye et l’accident de la centrale de Fukushima, ce n’est pas très surprenant et l'information passe plutôt inaperçue. Déjà, en 2007, Areva et l’Etat français avaient tenté de vendre un réacteur nucléaire, ayant pour but, officiellement, de dessaliniser de l’eau de mer pour produire de l’eau potable.
«Personne n’imagine trop une centrale nucléaire totalement dédiée à la dessalinisation. D’abord il y a des besoins d’électricité qui sont tels que ce ne serait pas véritablement optimal. Par contre, avoir un système où une partie de la production est utilisée en dessalinisation et une partie en production d’électricité pour le pays, ça c’est un modèle sur lequel nous discutons avec d’autres pays de la région», explique Anne Lauvergeon, PDG d’Areva.
Confier du nucléaire, même civil, à un dictateur prêt à tout pour garder le pouvoir et, plus largement, vendre des centrales à des pays très instables, touchés par des guerres, peut légitimement inquiéter.