Le Front national fait toujours figure d'"épouvantail" dans le paysage politique français. Mais une progression de l'adhésion à ses idées est constatée entre janvier2010 et janvier 2011.
Le baromètre d'image du Front national, réalisé par TNS Sofres pour Le Monde, Canal+ et France Inter, met en lumière un mouvement des sympathisants de la droite traditionnelle en faveur des idées du Front national, notamment lié à un effet Marine Le Pen.
Une porosité qui concerne une frange, certes minoritaire, des sympathisants de l'UMP, mais qui explique à elle seule "presque exclusivement" la progression sur un an de l'adhésion aux idées du parti d'extrême droite.
Tels sont les principaux enseignements de cette enquête effectuée les 3 et 4 janvier auprès d'un échantillon de 1000 personnes interrogées en face-à-face à leur domicile, selon la méthode des quotas.
Selon le baromètre, 22% des sondés se déclarent en accord avec les idées défendues par le FN. Ils étaient 18% en janvier 2010. Cette progression de 4points est intervenue dans une année marquée par les débats sur l'identité nationale et le port du voile intégral et une séquence gouvernementale à tonalité sécuritaire très forte au cœur de l'été.
"UN DANGER POUR LA DÉMOCRATIE" POUR 56%
En dépit de cette progression de quatre points, plus de 7 personnes sur 10 (72%) se disent en désaccord avec les thèses du parti d'extrême droite. Une proportion qui reste très élevée, même si elle est en recul (- 5 points) par rapport à 2010. "On reste en deçà du niveau d'adhésion aux idées du FN constaté en 2002-2003, où l'on était monté jusqu'à 28%", souligne Edouard Lecerf, directeur général de TNS-Sofres.
Par ailleurs, 56% des personnes interrogées perçoivent toujours le FN comme "un danger pour la démocratie". Un chiffre en hausse de quatre points par rapport à l'an dernier.
"Plus le score du FN est haut, plus les Français ont tendance à le considérer comme un danger", explique encore M. Lecerf. Un mouvement tout à fait logique, donc, et en liaison mécanique avec la progression d'adhésion à ses idées. Ainsi, en mai 2002, ils étaient 70% à considérer ce parti comme un danger.
"Le FN fait toujours figure d'épouvantail mais attention, il y a un mouvement essentiellement dû aux sympathisants de la droite traditionnelle", indique le directeur général de TNS Sofres. 32% des sympathisants UMP se déclarent en accord avec les idées du Front national. "C'est 12 points de plus que l'année dernière", relève-t-il.
Cela signifie-t-il pour autant qu'une partie des sympathisants de la droite traditionnelle sont en train de basculer vers le FN ? Les choses sont plus compliquées que cela.
LES DIRIGEANTS DE L'UMP MIS SOUS PRESSION
Si 54% des sympathisants UMP interrogés adhèrent aux "critiques de la société exprimées par le FN", seuls 6% d'entre eux disent partager les solutions formulées par le parti d'extrême droite.
Une manière, pour cette frange de sympathisants de droite, de mettre sous pression les dirigeants de l'UMP pour qu'ils mettent l'accent sur certaines thématiques.
Ainsi, 77% des sympathisants de l'UMP estiment qu'"on ne défend pas assez les valeurs traditionnelles en France." Ils sont 82% à penser que "la justice n'est pas assez sévère avec les petits délinquants". Ou encore, pour 69% d'entre eux, qu'"il y a trop d'immigrés en France". Enfin, 66% des sympathisants de l'UMP interrogés jugent que l'"on accorde trop de droits à l'islam et aux musulmans en France". Près de la moitié (49%), estime ne "plus vraiment se sentir chez soi en France".