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Le blog de Eric de Falco

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conseiller général du 1° canton de Rouen


Vers une révolution européenne

Publié par Eric de Falco sur 1 Juin 2013, 23:00pm

Catégories : #actualité

C’était une totale rupture avec ce qui fut la position de la France. Alors que la droite puis la gauche allemandes lui avaient deux fois proposé, depuis 1995, de marcher vers un fédéralisme européen et que la France avait toujours refusé cette perspective par crainte d’y perdre sa liberté de mouvement, François Hollande a soudain repris cette idée à son compte. Elle est maintenant sienne. Il s’agit là - puisqu’il faut le souligner - d’un fait majeur engageant la parole de la France. Le chef de l’Etat a souhaité que l’Union change de braquet sous deux ans pour devenir une «union politique» et l’a très concrètement appelée à se doter d’un «gouvernement économique» ; à entreprendre l’harmonisation de ses politiques fiscale et sociale ; à débloquer immédiatement 6 milliards pour lutter contre le chômage des jeunes ; à investir en commun dans les industries d’avenir ; à créer une «communauté européenne de l’énergie» et à donner un budget propre à la zone euro. Jamais un président de la République n’avait aussi clairement prôné le fédéralisme mais pas un seul des journalistes français présents à cette conférence de presse, pas un seul, n’a rebondi sur ce qui était pourtant l’essentiel des déclarations de François Hollande. Du remaniement au Trocadéro, on a eu droit à tout mais l’Europe ? Rien, pas une seule question sur ce petit sujet sans importance, rien qu’un silence abyssal qui en dit long sur la disparition de l’Europe des écrans français.

 

Disciple de Jacques Delors, François Hollande a de tout temps été un ardent partisan du resserrement des liens européens. Il l’est beaucoup plus profondément que ne l’étaient Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy mais il y a deux raisons pour lesquelles cela ne s’était pas du tout vu durant sa première année de mandat. La première est qu’il était resté si traumatisé par la violence des passions suscitées, il y a huit ans, par le projet de traité constitutionnel qu’il ne voulait pas risquer de ressusciter ces divisions de la France et de la gauche. Tout l’incitait, au contraire, à la plus grande prudence sur le sujet et cela d’autant plus qu’au moment de son élection, l’idée dominait encore en Europe qu’il n’y avait ni alternative à la marche forcée vers la réduction des déficits publics ni même accompagnement possible de cette politique d’austérité. L’Allemagne le disait. Bon gré mal gré, toutes les capitales européennes suivaient et, si François Hollande avait alors relancé l’idée d’un gouvernement économique de l’Euroland, il aurait été accusé par une grande partie de son électorat d’adopter la position de Mme Merkel.

Après avoir abattu ses cartes jeudi, François Hollande aura de premiers échanges avec la chancelière en marge du Conseil européen de ce mercredi puis du 150e anniversaire du Parti social-démocrate allemand. Il la recevra ensuite à Paris et, d’ici au Conseil de la fin juin, il lui soumettra un mémorandum sur ses propositions. Sa formulation laissera une grande place à la négociation sur les évolutions institutionnelles mais sera sans ambiguïté sur le besoin d’une relance commune et il y a très peu de chances qu’il se heurte alors à un refus de Berlin.

 Il y a toute chance, au contraire, que de vraies discussions s’ouvrent après les législatives allemandes de septembre et cela quel qu’en soit le résultat. Il n’est plus du tout impossible qu’on soit à la veille d’un tournant économique en Europe dont les retombées ne seront pas immédiates mais qui pourrait contribuer à un rétablissement de la confiance en l’avenir, rouvrir un horizon, redonner un crédit au processus européen et préluder à une forme d’unité politique de la zone euro au sein de l’Union.

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