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Le blog de Eric de Falco

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conseiller général du 1° canton de Rouen


qu'est-ce qu'un bon député européen?

Publié par Eric de Falco sur 12 Janvier 2014, 07:11am

L'heure est grave selon Bernard Accoyer. L'ancien président de l'Assemblée nationale est très remonté après la désignation par l'UMP de l'ex-ministre sarkozyste Nadine Morano dans le Grand Est, préféré au député européen sortant Arnaud Danjean.

"Je ne peux pas croire que la récompense prime sur la compétence dans la désignation de nos candidats", regrette Bernard Accoyer. A droite comme à gauche, les élections européennes sont plus souvent l'occasion de recaser les sans mandats que d'avoir de bons députés européens. Mais au fait, c'est quoi, un bon député européen ?

Daniel Cohn-Bendit, européen convaincu est catégorique : "La désignation de Nadine Morano n'a rien à voir avec l'Europe, tout comme celle de Rachida Dati ou de Vincent Peillon". La France semble être l'un des rares pays européens où la majorité des partis placent les enjeux nationaux avant ceux du parlement européen lors de la désignation de ses candidats.

Tous ceux qui sont passés par le parlement européen et s'y sont investis s'alarment du mépris des états majors politiques français pour l'institution. "Il faut aimer ce mandat et s'impliquer quelque soit la commission parce que bien que nous soyons nombreux, on peut faire des choses !", plaide Corinne Lepage qui achève sa première législature.

Il aura fallu six ans de dialogue et de négociation à Bernadette Vergniaud pour obtenir la mise en place de la carte professionnelle européenne qui permet d'harmoniser les qualifications. "Il ne faut pas se décourager, on peut souvent obtenir des choses en discutant, en patientant, en dialoguant. Il ne s'agit plus d'un pays mais d'un continent !"

Alors, si le renouvellement de la classe politique est une nécessité, le mandat européen exige d'être renouvelé plusieurs fois. Les Allemands, eux, l'ont bien compris : un député fait en général trois mandats. "Lors du premier, le député apprend son mandat, le second il l'exerce, et le troisième il forme son successeur", développe Corine Lepage. Plus de 20 langues se côtoient dans les couloirs du parlement et la langue de Molière, aussi noble soit-elle, ne se fait pas entendre de tous, loin de là. "Il y a un problème linguistique majeur", soulignait Jean-Louis Borloo il y a quelques semaines devant des journalistes. Le président de l'UDI fixait la capacité d'un député européen à parler plusieurs langues comme élément crucial. "Ça fait parti des critères d'un député chevronné, et c'est comme ça que certains eurodéputé français sont identifiés par leurs collègues européens comme ceux qui comptent". Et pour cause, tous les groupes de travail se déroulent en anglais, sans parler de l'importance prise par l'Allemagne au sein de l'Institution.

"Je me souviendrai toujours d'une collègue qui voulait cacher sa vacuité linguistique en exigeant qu'une note que nous avions dû produire en urgence soit rédigée en français. Une polonaise lui avait alors dit : 'si nous faisions les mêmes caprices que vous, l'institution ne marcherait plus !", relate Gilles Savary avec amusement. Désormais député à l'Assemblée nationale, il dit avoir pris conscience notamment de l'"arrogance française" durant ces dix ans passées entre Strasbourg et Bruxelles.

Autre enjeu : le score du Front national. Si dans le même temps des députés mal désignés ne s'investissent pas et que le nombre de députés eurosceptiques augmentent, "le poids de la France sera encore plus faible", met en garde l'eurodéputé sortant UMP Jean-Paul Gauzès. "On porte atteinte à la France quand les critères de désignation sont autres que celui de peser et d'exister au parlement", insiste-t-il. "Les partis français ne se rendent pas compte, ils ont des tas de choses en tête sauf l'Europe", ajoute Daniel Cohn-Bendit. "Les débats nationaux ressortent sans arrêt malheureusement, mais là c'est le niveau européen et on doit avoir une plus-value européenne qui dépasse ces égoïsmes nationaux", renchérit Bernardette Vergniaud. D'autant que le parlement "dérive déjà vers la droite depuis quelques mois", s'inquiète Corinne Lepage qui explique le changement de comportement des députés par l'échéance électorale prochaine.

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