« Comment justifier leur souffrance ? C’est un problème que je n’arrive pas à résoudre.» Personne n’a jamais pu répondre à cette question de Dostoïevski ; aucune idéologie, aucune religion ne peut expliquer, ne peut justifier cette absolue barbarie de dizaines d’écoliers tués, certains d’une balle dans la tête. Les talibans sont des récidivistes. Ce sont eux qui ont voulu assassiner Malala, prix Nobel de la paix, coupable à leurs yeux d’être une fille et de vouloir étudier ; ce sont eux qui depuis des années détruisent les écoles et tuent les écolières ; ce sont eux qui pourchassent et assassinent les équipes médicales qui vaccinent contre la polio.
L’horreur, l’inhumanité au nom d’une vision avilie et fallacieuse de leur foi. Cette abjection des islamistes ne doit pas empêcher de s’interroger sur le Pakistan, «pays des purs», devenu un Etat failli. L’armée qui aujourd’hui mène une offensive violente contre les talibans est la même qui, des années durant, a soutenu et nourri les «étudiants en théologie» et qui continue d’entretenir des relations ambiguës avec les terroristes islamistes. Comme le dit l’adage, au Pakistan, ce n’est pas un pays qui a une armée, mais une armée qui a un pays. Un pays que les militaires continuent de diriger et de contrôler de facto avec l’assentiment des pays occidentaux, notamment des Etats-Unis. Les généraux ont fait du Pakistan un pays corrompu jusqu’aux centres du pouvoir, entretenant la misère, les inégalités et les iniquités envers les femmes. La lutte contre l’islamisme doit être aussi un combat contre les injustices.