"Si vos ressources actuelles augmentaient de 10 %, que feriez-vous en priorité avec cet argent ?" C'est la question qui a été posée aux Français en 2005 et en 2011 dans l'enquête "Budget de famille" de l'Insee. Les réponses, publiées mercredi 17 juillet, montrent que les priorités ont quelque peu changé : la crise de 2008 est passée par là.
Chez les familles les plus modestes, en 2011, on cite en premier l'épargne (pour 19 % d'entre elles), puis l'alimentation (16 %) et les loisirs (15 %). Loin devant le logement, le remboursement des dettes, ou l'aide des proches. En 2005, ces mêmes ménages rêvaient de loisirs (17 %), d'épargne (16 %), et d'équipement du logement (12 %), avant de citer l'alimentation (11 %).
Les Français les plus riches, eux, auraient donné, en 2011, la priorité aux loisirs (26 %) et à l'épargne (23 %), comme en 2005 (25 % et 19 % respectivement).
Le choix d'une dépense supplémentaire en direction de l'alimentation n'est pas anodin. La part de l'alimentaire dans le budget total des ménages les plus modestes s'est beaucoup contractée ces dernières années.
L'Insee souligne qu'entre 1979 et 2005, le poids de l'alimentation a baissé de 9 points chez les 20 % de ménages les plus modestes, alors qu'il n'a pas changé chez les 20 % de ménages les plus riches. Ce poids a cessé de se contracter à partir de 2007, ayant probablement atteint son point bas. Ce phénomène doit être rapproché du recul, depuis 2008, du niveau de vie de la moitié la moins aisée de la population, avance l'Insee.
"Les plus modestes n'ont non seulement plus de gains de pouvoir d'achat à dépenser sur les postes qu'ils jugent moins nécessaires, mais une partie d'entre eux semble se contraindre sur les dépenses d'alimentation", relève l'étude."Pour une partie des ménages les plus modestes, faire face aux dépenses alimentaires est devenu plus difficile", ajoute le rapport.
L'analyse de l'Insee montre que, dans l'ensemble, les inégalités de consommation et de structure des budgets ont assez peu varié entre 2005 et 2011.
"En 2011, en France métropolitaine, les 20 % de ménages ayant les plus hauts niveaux de vie consomment 53 % de plus que la moyenne ; les 20 % de ménages les plus modestes consomment 38 % de moins. Ces disparités sont très proches de celles constatées en 2005", relève l'Insee. Il faut aussi rappeler qu'en l'espace de six ans, "la consommation par ménage n'a quasiment pas crû (+0,1 % en moyenne par an en euros constants), avant de diminuer fortement en 2012, de 1,7 %", note l'Insee.
La baisse du pouvoir d'achat en 2012 (-0,9 % contre une hausse de 0,7 % en 2011) aura sûrement des effets. Mais ceux-ci ne se verront pas avant la prochaine enquête du budget des familles, c'est-à-dire pas avant 2016.
Rouen (76)
Variation en euro des revenus des 10% les plus riches 2008-2011: 2607
Variation en % des revenus des 10% les plus riches 2008-2011: 6,9%
Revenu médian 10% les plus riches 2008: 37952
Revenu médian 10% les plus riches 2011: 40559