C’est le score, certes modeste, des signataires de la pétition organisée par la Mutualité sur le thème « Un impôt sur notre santé ? C’est non ». On est encore loin des 7 millions de cartes qui avaient littéralement « embolisé » les services du vaguemestre de l’Élysée en 1981 et … partiellement sans doute, provoqué la chute de la maison Giscard.
La comparaison est-elle fondée ? Assurément oui, au plan historique et politique ! Il faut juste se souvenir que VGE avait eu la fâcheuse idée, pour finir son septennat, d’inventer le TMOP (Ticket Modérateur d’Ordre Public, remède suggéré par le bon Dr Barre pour enrayer (déjà) la dérive des dépenses de santé … Alors même que la CADES n’existait évidemment pas et avec elle la facilité de « glisser sous le tapis » quelques années de déficit.
Ce ticket modérateur consistait donc à imposer ce que la sémantique officielle appellerait désormais un « Reste à Charge Obligatoire », de 5% de la dépense familiale. Les Mutuelles, au moins la Mutualité française sous la houlette de M. René Teulade, son jeune président à l’époque, hurla à la liberté citoyenne d’assurance et fit battre le président sortant. Et c’est François Mitterrand qui rapporta le décret scélérat avant de triompher au Congrès de la Mutualité de Bordeaux pour le premier anniversaire de l’Alternance.
Ensuite, - ensuite seulement, c’est à dire après le tournant de la rigueur « modèle Bérégovoy ». Cette année, c’est donc le doublement de la taxe additionnelle sur les contrats solidaires, créée l’an passé, qui suscite l’ire des mutualistes …
Le PACS, passé sur le secteur optionnel entre gouvernement et le syndicalisme médical, a fait le reste et creusé définitivement le fossé entre Etienne Caniard, héritier de René Teulade et Xavier Bertrand, … dont la suffisance à ce poste n’a guère de précédent.
C’est moins « le magot » des mutuelles qui devrait faire l’actualité mais plutôt les rôles respectifs des assureurs obligatoires et complémentaires, des limites des tarifs opposables et des dépassements, de l’« opposabilité » des contrats, de leurs avenants et « options », … En un mot de ce qui reste du contrat social de 1945.
À force d’étais et de haubans dans tous les sens, ce dernier est en état de péril imminent. Rien d’étonnant au demeurant si l’on veut bien se souvenir qu’il avait été initialement conçu en une époque où l’objectif était d’abord de sécuriser le remboursement des indemnités journalières, principal poste de dépenses de la « Reconstruction ». Il n’a, au final, pas si mal résisté et Pierre Laroque peut reposer en paix.
Le rapport peut en effet s’avérer lointain entre la teneur d’une campagne électorale et sa traduction politique – confère le débat de 2007 sur la « valeur travail » et le « bouclier fiscal » consécutif – mais ce n’est pas une raison pour ne pas engager le débat. Depuis 1945 en fait, la Mutualité a accroché ses wagons au train de la Solidarité nationale sans y jouer de rôle authentiquement actif ; on la sollicite aujourd’hui, et opportunément, sur ce terrain. Le minimum serait quand même de l’aider à « sortir du flou » … qui ne lui était, il est vrai, pas si inconfortable depuis 60 ans.