Souvent Sarkozy varie, bien fol qui s’y fie. Les gens bien en cour à l’Elysée sourcillent à l’évocation des intentions du chef de l’Etat de se représenter en 2012. Depuis deux ans, Nicolas Sarkozy leur a dit tout et son contraire. Grisé par son «projet phare» du Grand Paris, il va, par exemple, lâcher, le 13 mars, ce scoop : «J’espère que vous m’aiderez à être réélu parce qu’il faut du temps pour faire tout ça» (Libération du 16 mars). Mais, quelques jours plus tôt, il avait servi à d’autres son couplet romantique sur son envie de «profiter de la vie» avec sa femme Carla. Et donc de ne pas forcément repartir pour un tour de piste. Une variante moins glamour l’amène parfois à parler de son désir de «faire de l’argent dans le privé». Si l’on s’en tient à sa version proférée dans Face à la crise, sa dernière grande émission télévisée en février, «on fait un deuxième mandat parce qu’on a la force de porter un nouveau rêve et que les gens nous font confiance». L’air pénétré, il avait alors déclaré que - «Oh que oui» - le doute l’habite quant à l’opportunité de se représenter en 2012.
Derrière ces coquetteries dont raffolaient aussi ses prédécesseurs, tout laisse à penser qu’il prépare une nouvelle candidature. D’abord parce qu’il l’a dit à plusieurs de ses ministres comme au secrétaire général de l’UMP, Xavier Bertrand. Placé à la tête du parti par Sarkozy, il a reçu pour mission unique de maintenir l’UMP à la botte du chef de l’Etat en vue de 2012. Rouage essentiel de son dispositif de 2007, la grande formation politique de droite est une puissante machine de guerre. Elle est de fait dirigée par Sarkozy lui-même, qui réunit chaque semaine ses dirigeants à l’Elysée, fait et défait son état-major, s’invite à ses réunions politiques comme à son conseil national, délivre in fine toutes les investitures. Autre secteur stratégique : la télévision. Là aussi, tout se met en place, via la nomination du PDG de la télévision publique par le chef de l’Etat, pour que celle-ci soit aussi bien tenue que TF1. Enfin, il y a «Battling Sarko», à la soif du pouvoir intacte et à l’ego insatiable (le régime «d’egocratie», selon François Bayrou). Ce Sarkozy donc dissèque les sondages de popularité. Mais ne retient de chiffre que celui qui voit 65 % à 70 % des Français répondre sondage après sondage que «l’opposition ne ferait pas mieux que le gouvernement actuel si elle était au pouvoir».
Deux ans après son élection, Nicolas Sarkozy n’a prévu aucun anniversaire ni bilan d’étape. Il ne va rien changer à ses fondamentaux : soit un cocktail d’activisme, de communication, de brouillages des lignes politiques et de réformes à jet continu.