En laissant entendre que le principal mérite de la réforme des collectivités territoriales est qu’elle permet la suppression de quelques milliers de "postes d'élus", le patron de l'UMP a donné une nouvelle illustration de sa méthode. Elle consiste à bannir toute complexité du discours, quitte à caricaturer le projet qu’il est censé défendre.
On l’avait déjà vu à l’œuvre pendant la campagne pour les élections européennes. Bertrand ne cachait pas tout le mal qu’il pensait de la campagne menée par Michel Barnier, tête de liste UMP
en Ile-de-France. Son discours sur "l’Europe qui protège", c’était trop subtil.
Exaspéré par l'absence de "sens politique" du candidat, Bertrand avait repris les choses en main. Il fallait expliquer aux Français que le choix était clair: à gauche, vous votez pour
l’entrée de la Turquie dans l’UE et pour la levée d’un nouvel impôt européen; avec l'UMP, vous choisissez de vous protéger contre ces calamités.
Pour vendre la trop complexe réforme des collectivités territoriales, Bertrand suggère qu’elle serait faite pour renvoyer chez eux des élus inutiles. Interrogé par le JDD, voici en quels termes il la justifie:
"L'administration, l'État, ont déjà commencé à faire des efforts avec la règle du non remplacement d'un fonctionnaire partant à la retraite sur deux. On doit chasser les gaspillages partout. En attaquant d'abord les dépenses de structures. C'est le sens de la réforme des collectivités locales. (...) La clé, c'est l'invention du conseiller territorial, qui siégera à la fois dans les assemblées régionales et départementales. Cette réforme permettra de diminuer le nombre d'élus. Nous sommes prêts à supprimer entre 30% et 50% le nombre des conseillers départementaux et régionaux, c'est-à-dire 2000 à 3000 postes d'élus."
Supprimer des postes d’élus comme on supprime des postes de fonctionnaires. Voilà un projet qui doit plaire aux Français! Entre deux et trois mille conseillers généraux pourraient effectivement disparaître si la réforme préconisée par Balladur est votée cette année. Mais cette mesure ne sera pas effective avant 2014. Et son effet sur les finances publiques est totalement insignifiant. Rien à voir, en tout cas, avec les économies générées par la suppression de dizaines de milliers de postes de fonctionnaires depuis 2007.
La manœuvre est grossière. Et il n’est pas certain qu’elle soit du goût des promoteurs de la réforme..
En caricaturant la réforme, Xavier Bertrand prend le risque de la rendre illisible.