Mises en place début 2008, les franchises de 0,5 euros sur les boîtes de médicaments, avaient notamment pour objectif d'inciter les individus
à "réguler leur consommation" de médicaments. On craignait alors que cette charge financière ne pèse plus fortement sur les personnes malades ou à faibles revenus contraintes de renoncer à des
soins utiles.
Dans le numéro d’octobre 2010 des Questions d'économie de la santé, l’IRDES rend compte d’une intéressante étude qu’elle a conduite sur la modification des comportements d’achats de médicaments
induite par ses franchises. Ses observations de la réalité rejoignent les craintes exprimées lors de la mise en place des franchises !
Les franchises ont entraîné une économie approchant les 890 millions d'euros en 2008, tous régimes confondus, 84 % provenant de la franchise sur les médicaments. L’étude, par l'IRDES, des
données déclaratives de l'Enquête santé protection sociale de 2008 fait apparaître que 12 % des personnes interrogées déclarent avoir "modifié d'une manière ou d'une autre leur mode de
consommation" suite à la mise en place des franchises. Parmi eux, 64 % "ont décidé de n'acheter qu'une partie des médicaments prescrits" et "33,5 % ont repoussé dans le temps l'achat de certains
médicaments prescrits".
L’étude met aussi en relief que 28 % "ont discuté avec le médecin pour réduire leurs prescriptions, ce que le médecin a accepté de faire dans 8 cas sur 10". Un comportement qui est influencé par
le niveau de revenu et l'état de santé. En effet, la probabilité de déclarer avoir modifié ses achats est de 7 points plus élevée chez les individus gagnant moins de 870 euros par mois, comparés
à ceux gagnant plus de 1 167 euros par mois, soit un quasi-doublement de cette probabilité. Elle est aussi plus élevée de 2 points chez les individus souffrant d'une pathologie chronique,
comparés aux autres. Une différence similaire est observée entre les individus déclarant un état de santé moyen, mauvais ou très mauvais comparés à ceux qui se déclarent en bonne santé.
L'étude confirme ainsi le risque de perte d'accès aux soins : "les individus en mauvaise santé ont a priori un fort besoin de médicaments mais sont obligés de renoncer à certains d'entre eux
en raison du cumul important de franchises".
Accès aux soins en régression constante
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