Après s'être fortement opposé à la publication du patrimoine des députés, le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, émet de nouveau des réserves sur le projet de loi sur la moralisation de la vie publique, présenté mercredi 24 avril en conseil des ministres. Il plaide également pour un rassemblement de toute la gauche et pour l'engagement du "deuxième temps" du quinquennat, plus centré sur le social. Le temps de l'annonce du gouvernement est passé, c'est maintenant le travail parlementaire qui doit s'imposer. L'expression commune des présidents des commissions des lois de l'Assemblée nationale et du Sénat, Jean-Jacques Urvoas et Jean-Pierre Sueur, va dans le bon sens : il y a une réelle volonté des parlementaires de se soumettre à un contrôle accru et une nécessité absolue d'offrir à la Haute Autorité les moyens de le faire, mais il est indispensable d'être attentif à la vie privée et aux libertés individuelles des élus Il convient de faire reconnaître le travail qui a déjà été fait à l’Assemblée Nationale : la transparence sur la réserve parlementaire, la réduction de l'indemnité représentative de frais de mandat, la réglementation des lobbies, la nomination d'une déontologue, la certification des comptes de l'Assemblée par la Cour des comptes Le grand public se rend compte que la publication des patrimoines n'aurait pas empêché l'affaire Cahuzac. Pour pouvoir détecter une anomalie, il aurait fallu que la commission de transparence de la vie politique ait de vrais moyens de contrôle et de sanction. Si nous sommes pour une déclaration claire, un contrôle précis et des sanctions exemplaires, l'opinion publique saura l'entendre. Il est désormais temps de tirer des leçons pour envisager le nouveau temps du quinquennat. Nous ne pouvons pas continuer avec un groupe socialiste qui ne se sent parfois pas écouté, un groupe écologiste qui ne sait pas exactement s'il veut rester ou partir et un groupe communiste qui a l'impression de ne pas être entendu. Nous ne pouvons pas laisser s'installer l'idée que la gauche n'essaierait pas de chercher son unité pour tout le quinquennat. Cette loi sur l'amnistie doit signer la fin d'une première année et la prise en compte des relations à gauche pour la suite. Nous ne pouvons pas aborder ce nouveau temps simplement sur une base tactique. Il faut repréciser notre action politique pour les années qui viennent. Les réformes de cette première année étaient indispensables et nous connaissons désormais les positions de chacun. Avant de dire qui peut se rassembler, il faut définir au service de quelles actions. Pendant cette période, nous avons fait un travail législatif énorme, le Parlement n'a jamais autant travaillé depuis dix ans. Il nous faut maintenant montrer à quoi ce travail été utile, ce que nous n'avons pas réussi à faire la première année, à cause de la situation économique plus difficile qu'on ne pouvait l'imaginer il y un an et de l'aggravation de la crise européenne. L'année qui nous attend va voir arriver les élections municipales et européennes, qui doivent être deux indicateurs pour l'ensemble de la gauche. Les élections locales sont très importantes, notamment pour le Parti socialiste, et doivent nous permettre de fixer un cap. Il faut dire maintenant comment nous pouvons améliorer le pouvoir d'achat sans déséquilibrer les comptes publics, donner une priorité au logement, à la santé, redéfinir le lien de confiance entre l'Etat et les collectivités locales, donner plus de place aux quartiers populaires, discuter sur la formation professionnelle et, surtout, se réconcilier avec les entrepreneurs. Pour la rentrée parlementaire nous devons avoir des textes choisis en relation avec le président, le gouvernement, sa majorité et toute la gauche pour pouvoir donner du sens à la période politique, au moins jusqu'aux prochaines élections municipales. Nous devons encoder ce temps politiquement, socialement et économiquement. Nous souhaitons tous une implication plus forte du chef de l'Etat pour définir la lettre de mission du gouvernement et préciser les axes de ce deuxième temps. Le président pourrait intervenir par exemple après la publication au Journal officiel de la loi sur le mariage pour tous, un moment symbolique pour affirmer que nous entrons dans un temps social après avoir adopté cette grande réforme sociétale. Il pourrait également s'exprimer après l'acceptation par la Commission européenne des orientations budgétaires de la France. Aujourd'hui, compte tenu de la situation italienne, la France est la mieux placée pour représenter tous ceux qui estiment que l'Europe ne peut pas être que la rigueur
Bartolone met les pieds dans le plat!
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