Mardi 15 Janvier 2013
Département de Seine-Maritime
Extraits du
Discours de M. Didier Marie
Président du Département de Seine Maritime
C’est avec un très grand plaisir que mes collègues et moi-même vous retrouvons aujourd’hui à l’occasion de ce traditionnel rendez-vous des vœux.
Votre nombre montre que ni les aléas climatiques, ni la fermeture du Pont Mathilde, ni le risque de saturation lié à la multiplication des cérémonies ne remettent en cause ce rendez-vous, moment d’échange et de convivialité, qui souligne la qualité de nos relations. Nous en sommes heureux et évidemment honorés.
Ces vœux sont l’occasion de réunir très largement nos partenaires : acteurs institutionnels économiques associatifs et élus, ce qu’il convient d’appeler les corps constitués ou forces vives.
Outre le plaisir de partager un moment agréable, les vœux sont aussi l’occasion de prendre du recul sur l’année écoulée, de mettre le travail réalisé en lumière et de tracer ensemble des perspectives et de revoir celles et ceux, ici ce soir, qui ont fait de la Seine Maritime un territoire authentiquement solidaire et véritablement attractif.
Vous êtes, collectivement, ce qu’on appelle les corps constitués, les forces vives du département. Elus locaux, entrepreneurs, responsables, militants associatifs, agents des services publics. Outre le plaisir de partager un moment agréable, les vœux sont aussi l’occasion de prendre un peu de recul
Je ne m’étendrai pas longuement en 2012.
Ce fut une année économiquement mauvaise et socialement brutale.
Toutes les études d’opinion montrent l’inquiétude face à la crise.
Celle-ci est d’autant plus forte en Seine Maritime qu’elle y est plus durement ressentie du fait de notre histoire industrielle et sociale.
Le nombre d’entreprise en difficulté n’a cessé de croître, le chômage de grimper, les menaces comme celles qui pèsent sur Pétroplus se sont amoncelées et un nombre toujours plus important de nos concitoyens a connu la précarité plaçant le département en première ligne.
Les causes et les responsabilités de cette situation sont multiples.
Tout d’abord le monde change sous nos yeux. Les grands équilibres sont bouleversés, les relations économiques, le centre de gravité de notre monde se sont déplacés de l’Atlantique vers le Pacifique.
Les pays émergents ont…émergés ! La Chine est devenue la 2nd puissance mondiale, l’Inde, la Corée, le Brésil et d’autres pays sont en pleine croissance et bouleversent les équilibres économiques en Europe.
Ce qui change, c’est aussi notre rapport à la Planète dont nous consommons trop les ressources, que nous abîmons en la polluant. C’est encore l’irruption du numérique qui modifie la nature des échanges économiques comme interpersonnels, une véritable révolution qui n’a pas encore produit tout ses effets.
Les pays et leurs responsables politiques ont diversement appréhendé la crise. Certains s’en sortent mieux que d’autres.
Les Français, eux, ont choisi le changement. Vous connaissez mes convictions, je l’ai voulu, j’y ai travaillé, je l’accompagnerai avec loyauté et exigence.
Mais l’alternance ne règle pas tout même si elle contribue, je crois, à engager la France sur la voie de la réconciliation et de la sortie de crise.
Je sais que nos concitoyens sont impatients, comme nous tous d’ailleurs. Mais on ne répare pas en six mois, dix années de désindustrialisation, soldées par la perte de 750 000 emplois dans ce secteur.
Tout comme on ne comble pas d’un coup de baguette magique une dette qui a doublé en cinq ans, accélérant la détérioration des comptes publics.
De nombreux chantiers sont lancés, pour l’emploi, l’éducation, la justice, la santé, la sécurité, la lutte contre la pauvreté, l’acquisition de nouveaux droits, la maîtrise de la dépense publique.
Il faudra cependant du temps pour les mener à bien et redresser la situation.
Je crois que notre pays va dans la bonne direction quand l’on considère que l’on peut parvenir à équilibrer nos comptes publics sans renoncer à lutter contre la grande pauvreté.
Ces deux objectifs ne sont pas contradictoires.
Pour la première fois depuis très longtemps, le niveau d’endettement de notre pays a décru : 14,5 milliards de moins au troisième trimestre par rapport à l’exercice précédent.
Pour la première fois, également depuis longtemps, notre gouvernement s’est engagé contre la précarité. Le plan annoncé, il y a quelques semaines (augmentation du RSA de 10%, révision du plafond de la CMU afin de pouvoir couvrir 500 000 personnes de plus, création de 8000 places d’hébergements supplémentaires pour les sans-abris et les demandeurs d’asile) va dans le sens d’une plus grande solidarité........
......Nous parlons beaucoup des entreprises en difficulté, de notre supposé manque de compétitivité, mais avez-vous entendu dire que la France était classée au 3ième rang des nations pour ses entreprises innovantes et le nombre de nouveaux brevets opérationnels obtenus chaque année ?
Nous n’avons pas beaucoup parlé, non plus, du déficit commercial de notre pays qui atteint son plus bas niveau depuis plus de vingt cinq mois, porté par ces 120 000 entreprises françaises qui exportent.
On ne dit pas assez l’engagement de nos entrepreneurs, ceux qui sont plus intéressés par le développement de leurs activités que par le niveau de fiscalité.
Nous parlons beaucoup du moral des français, des difficultés rencontrées par un trop grand nombre, de ce pessimisme dont on dit que la France serait championne.
Mais parle-t-on de ces gestes de solidarité quotidienne, du formidable travail du monde associatif, de l’engagement citoyen de ces millions de bénévoles qui donnent de leur temps et de leur enthousiasme, en particulier celui des jeunes........
......Mesdames, Messieurs, vous le savez, les départements ont beaucoup soufferts ces dernières années.
Ils ont été les premiers impactés par l’acte 2 de la décentralisation de 2004, très largement insuffisamment compensés, ils l’ont aussi été, et ce fut particulièrement le cas pour la Seine-Maritime, très fortement contraints par la réforme de la fiscalité locale et la suppression de la taxe professionnelle.
Lors de l’adoption de notre budget, je rappelais que le manque à gagner pour la seule année 2013 par rapport à un scénario au fil de l’eau était de 200 M€.
Parallèlement les besoins sociaux dans notre département sont incontestablement plus importants qu’ailleurs avec un écart de 100 € de plus par habitant à la moyenne nationale. Nous nous trouvons soumis à une très forte pression sur les dépenses sociales, en particulier pour servir les trois allocations de solidarité nationale que sont le RSA, l’APA, la PCH.
Le budget consacré aux dépenses sociales ayant franchi la barre des 700 M€.
Pour y faire face, nous faisons des choix, parfois difficiles. Nous comprimons nos dépenses de gestion courantes, nous continuons de faire des économies, pour mieux affirmer nos priorités : solidarité, éducation, aménagement durable et attractivité des territoires.
Et pour chacune d’elles, nous hiérarchisons nos actions, en privilégions certaines, en modifions d’autres, voire en supprimons quelques unes, le tout en optimisant nos moyens d’action.
Alors, j’entends ici ou là que le département ferait moins, c’est tout simplement faux.
Avec un budget d’1.750 000, en légère hausse, le département est de loin la collectivité la plus puissante, la plus présente sur le territoire, celle qui investit massivement près de 200 M€, qui subventionne le plus les communes, les établissements publics, les associations et surtout celle qui face à la crise joue un rôle de bouclier social et agit pour l’autonomie de tous......
......Changer, se réinventer, c’est l’esprit de Seine Maritime Imaginons 2020, cette vaste démarche prospective, inédite dans son ampleur, qui a recueilli plus de 15 000 contributions, près de 1.25% de la population seinomarine.
Ensemble, nous avons défini des orientations, dessiner les lignes de la Seine Maritime que nous souhaitons construire à échéance de dix ans.
Nous avons ainsi adopté un plan opérationnel, directement appuyé sur Seine Maritime Imaginons 2020, il y a quelques semaines : en tout 80 actions créées ou révisées, se sont des initiatives nouvelles en matière d’emploi, d’économie, de solidarité, d’aménagement du territoire, d’accès à la culture et au sport, d’environnement.
C’est surtout un plan qui fixe un objectif et qui dégage de nouvelles marges de manœuvres pour répondre aux besoins nouveaux de nos concitoyens.
Mesdames, messieurs,
Les vœux sont ce que l’on souhaite, souvent le meilleur, à ceux qui nous entourent.
Mais un voeu c’est aussi une promesse, un engagement.
Et j’en forme deux, ce soir.
…que le Département demeure la collectivité de l’autonomie.
…et qu’il soit également LA collectivité anticrise.
dans la diversité de leurs situations familiales, économiques et sociales.
C’est assumer, pour eux, une ambition éducative élevée, et faire le seul pari qui compte : celui de la connaissance, de la compétence et de la formation.
Nous continuerons de réhabiliter et reconstruire des collèges : Maromme, Duclair, Notre Dame de Gravenchon, Saint Romain, Buchy.
Cette année verra se déployer le nouveau format des Contrats de Réussite Educative, les CRED 76. C’est un dispositif unique en son genre qui met à la disposition des équipes pédagogiques près de deux cents parcours éducatifs, clé en mains, afin qu’ils puissent construire, localement, la réussite scolaire de tous.
Nous engagerons également une nouvelle phase de déploiement des Espaces Numériques de Travail dans les collèges, outil innovant, qui a fait la preuve de son utilité.
Nous aiderons les jeunes à accéder à leur autonomie, avec le « Pass’installation » qui permet d’équiper son premier logement tout en soutenant le secteur de l’Economie Sociale et Solidaire. Nous ferons également « Java » qui permet de soutenir les projets associatifs construits avec et pour les jeunes. Quarante deux projets ont ainsi bénéficiés d’un soutien en 2012. Je souhaite que cette logique se déploie, encore, en 2013......
.... Etre la collectivité anticrise, c’est également garantir l’efficacité du maillage social, médical, sanitaire de nos territoires. Ainsi, en 2013 seront livrés trois nouveaux Centres Medico Sociaux à Elbeuf, à Rouen et au Havre. Après avoir inauguré il y a quelques mois la Maison de Santé Pluridisciplinaire de Neufchâtel en Bray, nous soutiendrons financièrement en lien avec la Région et l’ARS, celle de Croisy sur Andelle et celle de Saint Romain du Colbosc......
.........Mesdames, messieurs, nous vivons des temps importants. Nous allons dans les quelques années qui viennent, dessiner les contours de la société que nous lèguerons à nos enfants, le monde que nous souhaitons pour eux. C’est vrai à l’échelle du pays, c’est aussi vrai à l’échelle du département.
Vous avez un rôle considérable à jouer, vous représentez un vivier permanent d’initiatives et de projets.
Nous serons à vos cotés, solidaires et engagés, forts de la qualité du partenariat qui nous lie institution départementale et vous, acteurs de la Seine-Maritime.
Etre partenaire, cela ne revient pas nécessairement à se demander ce que le département peut faire pour vous, mais comment, ensemble, nous pouvons agir pour un avenir collectif meilleur.
Mesdames et messieurs, quelques mots pour finir. La nouvelle année est le temps des remerciements. Je souhaite, donc, vous dire un grand merci. Un vrai merci pour ce que vous faites, pour vos engagements et vos projets.
Il est d’usage, pour la nouvelle année, de souhaiter l’extraordinaire, parfois l’irréaliste.
Je vous souhaite, moi, à la manière de Jacques Brel :
…juste assez de bonnes choses pour que vous puissiez les apprécier
…juste assez de bonheur pour garder l’esprit vivant,
…juste assez d’énergie pour relever tous les défis,
…juste assez d’idées, d’audace, de créativité et de talent pour la garantie de vos succès et de votre réussite.
De plus, mesdames et messieurs, en cette période de crise, où les peurs se bousculent avec les espoirs, je souhaite que, collectivement, nous remettions le beau mot de « solidarité » au cœur du vocabulaire français.
Que cette nouvelle année vous apporte de nombreuses joies à partager avec ceux qui vous sont chers, je vous souhaite de vivre dans l’espoir, d’aimer et d’être aimé et de ne jamais cesser de parler avec le plus bel accent qui soit : celui du cœur, et de mettre du sourire dans votre vie de chaque jour.
Belle et bonne année 2013.
Je vous remercie