C'est un échec sur toute la ligne et il n'y a même pas de quoi sauver la face. Il n'existe aucun accord puisque les 192 nations réunies à Copenhague n'ont fait que prendre acte d'un texte sans l'approuver. Il n'y a aucun accord puisqu'il n'y a aucun engagement. Aucun objectif précis dans la lutte contre le réchauffement climatique n'est fixé pour 2050, et a fortiori pour 2020. Et contrairement à ce qu'a annoncé le président Sarkozy, les trois annexes jointes au texte accepté par vingt nations ne seront pas remplies puisque aucun accord n'a été signé.
C'est un échec humiliant pour l'Europe puisque le président Obama, qui n'a pas été à la hauteur de son prix Nobel, a présenté ce pseudo-accord aux Européens après l'avoir négocié avec la Chine, l'Inde et le Brésil. Non seulement l'Europe s'est révélée incapable de parler d'une voix et d'avoir sa place, mais encore elle apparaît comme à la traîne, alors qu'elle est en réalité, parmi les pays industrialisés, la seule à avoir pour le moment réalisé des efforts concrets. Enfin, pour ceux qui, comme le président Sarkozy ou Gordon Brown, croyaient pouvoir endosser l'habit de sauveur de la planète, l'échec est encore plus retentissant.
Evitons que ce fiasco se transforme en succès pour les climato-sceptiques, les pétroliers et autres lobbys - dont la cupidité, l'esprit de rentier, et pour certains le simple ego, l'emportent sur
tout, y compris leur simple intérêt d'être humain, responsable, ne serait-ce qu'à l'égard de leur propre famille - à l'instar du patronat d'un grand pays industrialisé fêtant au champagne au
Bella Center, vendredi soir, l'échec de la
convention ou du premier ministre du Canada qui se dit très heureux de l'échec ? La réponse est dans la révolte, le refus de toute résignation et l'action organisée des citoyens et
consommateurs.
Il est désormais clair qu'il n'est plus possible de faire confiance aux politiques, devenus des hommes d'affaires et non des responsables politiques, pour reprendre l'expression du président
brésilien Lula, pour résoudre les problèmes du monde. Le court terme et les visions géostratégiques l'emportent sur le fondamental : notre survie.
Il faut donc changer de gouvernance et le gouverneur Schwarzenegger l'a clairement exprimé. Ce n'est pas dans les couloirs de Washington, a-t-il affirmé, mais dans les grands mouvements sociaux, citant le mouvement des femmes ou de la résistance à la guerre du Vietnam, que se font les grands changements. Au fiasco de Copenhague, il faut opposer les réalisations présentées par les villes et régions, dans toutes les régions du monde qui, elles, changent le monde concrètement. Les technologies existent. Restent à trouver les financements en particulier dans le Sud.
La société civile ne peut désormais plus compter que sur elle-même pour assurer son avenir, et c'est cette gouvernance qu'il convient d'organiser. Notre qualité de consommateur doit être utilisée
pour choisir en fonction de nos objectifs généraux. Et si la Chine décide de refuser des efforts et exporte son carbone en considérant qu'il doit être mis à notre débit, la réponse est simple :
refusons ses produits et achetons-en d'autres fabriqués à proximité ou issus du commerce équitable. Ce que les politiques occidentaux n'ont pas été capables de faire, les consommateurs, s'ils le
décidaient réellement, pourraient le faire.