Abrégeant dans un coup d'éclat des négociations qui s'éternisaient à Doha, la présidence qatarie de la conférence de l'ONU sur la lutte contre le changement climatique a fait adopter samedi 8 décembre un accord dont la pièce maîtresse est la naissance de l'acte II du protocole de Kyoto.
La méthode peu orthodoxe du vice-Premier ministre qatari Abdallah al-Attiya, qui présidait les débats en réunion plénière, a suscité la colère de la délégation russe. "Les décisions adoptées reflètent la volonté des parties dans leur ensemble", a répondu Abdallah al-Attiya.
Pour la ministre française de l'Environnement Delphine Batho, "il fallait éviter qu'un seul pays bloque le résultat si difficile à obtenir au bout de ces 15 jours".
Ces dernières semaines, rapports et études ont sonné l'alarme sur la réalité du changement climatique et le fait que les efforts réalisés étaient bien loin du compte.
Le monde se dirige actuellement vers une hausse de 3°C à 5°C de la température globale et non de 2°C, seuil au-delà duquel le système climatique risque de s'emballer.
Les pourparlers de Doha n'avaient pas vocation à déboucher sur des mesures à la hauteur de l'enjeu, mais d'ouvrir la voie à l'accord global et ambitieux, engageant tous les pays à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES), prévu en 2015 pour entrer en vigueur en 2020. L'accord obtenu est "une avancée modeste mais essentielle", a déclaré la commissaire européenne chargée du climat, Connie Hedegaard
Le point le plus important de cet accord est le lancement de la seconde période d'engagement du protocole de Kyoto, qui engage l'Union européenne, l'Australie et une dizaine d'autres pays industrialisés à réduire leurs émissions de GES entre janvier 2013 et décembre 2020.
Sa portée sera essentiellement symbolique car les pays engagés ne représentent que 15% des émissions de GES dans le monde, après le désistement du Japon, de la Russie et du Canada. Les Etats-Unis, deuxième pollueur au monde, n'a jamais ratifié Kyoto.
Mais les pays du Sud sont très attachés à ce protocole, seul instrument légal sur le climat, au nom de la "responsabilité historique" du Nord dans le dérèglement climatique.
L'autre gros dossier de l'accord était l'aide financière aux pays du Sud pour faire face au changement climatique. L'accord n'est "pas à la hauteur", a regretté le ministre des Affaires étrangères de Nauru, Kieren Keke, au nom de l'Alliance des petits Etats insulaires (Aosis), sans pour autant dénoncer l'adoption du texte.
Les pays du Sud attendaient des pays développés qu'ils s'engagent à verser 60 milliards de dollars d'ici 2015, pour assurer une transition entre l'aide d'urgence de 30 mds USD pour 2010-2012, et la promesse des 100 mds par an d'ici 2020.