Par 488 voix pour, 137 contre et 72 abstentions, le Parlement européen a validé dans son intégralité le collège des commissaires européens proposé par les Etats membres de l’Union. Cette décision a été prise sans enthousiasme et dans une indifférence médiatique quasi générale.
J’ai voté contre l’investiture de ce collège, de la même manière que j’avais voté contre la désignation du Président sortant de la Commission européenne. Les sentiments qui m’animent au lendemain de ce vote sont d’ailleurs en tous points semblables à ceux que j’avais exprimés à la suite de la reconduction de M. Barroso.
Qu’il s’agisse de l’élection du Président de la Commission, de celle du premier Président permanent du Conseil européen ou encore du premier Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, les critères et procédures de désignation de l’exécutif européen demeurent largement obscurs et inaccessibles aux citoyens de l’Union.
Faible, majoritairement conservatrice et acquise aux thèses néolibérales, ne comptant qu’une seule femme parmi ses six postes clés, la Commission Barroso II, par sa composition comme par son orientation politique, augure mal du nécessaire renouveau du projet européen. Ce dernier reste en panne et le fossé avec les citoyens ne cesse de se creuser chaque jour un peu plus.
Ce collège, dont le périmètre des portefeuilles sera probablement source de conflits à venir, semble avoir pour priorité de ne pas faire d’ombre au Conseil. Le rôle de ce dernier en sera très certainement renforcé, au détriment de la Commission et du Parlement européen, alors même que l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne était censée apporter un meilleur équilibre des pouvoirs entre ces différentes instances.
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Au final, ni l’accord cadre définissant les relations entre les institutions, ni la liste des 27 commissaires entérinés hier ne semblent à la hauteur des enjeux de la situation et des engagements que nous avions pris auprès de nos électeurs d’œuvrer en faveur d’une Europe plus sociale et solidaire.
Dans ces conditions, comment expliquer la consigne de vote donnée par le groupe politique auquel j’appartiens, l’Alliance progressiste des socialistes et des démocrates européens, S&D, appelant a entériner « sans conviction et sans enthousiasme » les propositions de la Commission ? L’espoir affiché de peser sur les orientations de la Commission ou le fait d’avoir obtenu le poste de Haut représentant de l’Union et le portefeuille, particuli
èrement sensible et exposé, de la concurrence justifiaient-ils cette décision ? Je ne le pense pas !
Nous devons assumer ce que nous sommes. Nous sommes minoritaires au sein des instances européennes ; ce n’est pas un déshonneur en soi. Nous avons été élus non pas pour accompagner, mais pour nous opposer aux dérives libérales de la droite européenne que nous avons dénoncées à l’occasion des dernières élections, et dont nous savons qu’elles seront amplifiées par cette nouvelle équipe.
La social-démocratie européenne est aujourd’hui confrontée au «syndrome du pont de la rivière Kwaï », parabole de la décision absurde où l’action devient un but en soi déconnecté, voire contraire à l’objectif souhaité. Comme dans l’ouvrage de Pierre Boulle adapté au cinéma par David Lean, elle a cédé aux vertiges de la gestion sans mesurer la dimension politique de cette décision, accordant un prix exorbitant au seul fait d’agir en accompagnant avec zèle l’
œuvre de ses adversaires.
Poser les bases d’une politique européenne alternative
à celle de la Droite, voilà ce à quoi la social-démocratie européenne devrait s’attacher en urgence…avec enthousiasme, conviction et discernement. C’est ce à quoi nous nous employons avec les députés de la délégation socialiste française au Parlement européen…et tous ceux qui, à gauche, souscrivent à cette analyse.
Merci à toi, Estelle Grelier
Député socialiste au Parlement européen
Tu représentes notre région
Bon courage
Tu sais que tu as notre soutien constant