François Hollande l'a laissé entendre lors de sa conférence de presse jeudi 16 mai. "Ce qui frappe l’Europe, c’est la récession qui touche tous les pays de la zone euro – certains moins que d’autres, mais je pourrais faire des comparaisons, y compris avec l’Allemagne, pour ces six derniers mois", a-t-il déclaré sans développer.
Le président de la République faisait référence aux difficultés de l'économie allemande. Certes, elle a enregistré une croissance de 0,9% l'année dernière, et de 0,1% début 2013, mais elle s'est contractée de 0,7% au dernier trimestre 2012. De l'autre côté du Rhin, le PIB français a stagné en 2012 et reculé de 0,2% au premier trimestre. Ainsi, les destins des deux économies européennes se rapprochent. Explications de Philippe Waechter, économiste en chef chez Natixis Asset Management.
Les moteurs économiques des deux pays ne sont pas les mêmes. La croissance allemande repose traditionnellement sur ses exportations mais les derniers chiffres montrent qu'elle est aujourd'hui essentiellement supportée par sa consommation intérieure. Autrement dit, son modèle lié au commerce international, notamment asiatique, se retrouve un peu fragilisé.
Jusqu'à récemment, les exportations allemandes résistaient en Asie : malgré une activité peu dynamique dans cette région, les Allemands tiraient leur épingle du jeu. Mais un des éléments importants de ce début d'année, c'est la forte dépréciation du yen, qui fait que les entreprises allemandes perdent des parts de marché face aux produits japonais. L'Allemagne se retrouve donc dans une dynamique un peu différente.
La zone euro étant en récession, l'Allemagne, comme la France, vend peu en Europe. La Commission européenne a pris conscience que si l'on durcit la rigueur à tout va, il y aura un problème de croissance qui pénalisera aussi l'Allemagne. Les deux années données à la France et à l'Espagne pour atteindre leurs objectifs de réduction de déficits traduisent ce changement
François Hollande a confirmé qu'il avait choisi une politique de l'offre lors de sa conférence de presse. On l'a vu aussi lors de sa réunion avec les entrepreneurs il y a quelques semaines. L'objectif de la France est désormais de définir pour les entreprises un cadre stable à travers différents chantiers : les retraites, la santé, etc. Le plan d'investissement public annoncé cet été peut également créer une impulsion, et ainsi changer la perception des investisseurs privés.
La consommation ne stimule pas le cycle économique. L'investissement, si. Le problème c'est qu'il est faible. Avec de petites marges, l'environnement des entreprises est déprimé. L'objectif est d'inverser cette dynamique.
Cela fait six trimestres que la zone euro est en récession et les Etats-Unis et l'Asie ne tirent pas beaucoup l'économie mondiale. Tous les Etats européens sont désormais obligés de miser sur l'avenir. Si l'économie française récupère de la puissance et de l'autonomie, l'Allemagne en profitera aussi : les entreprises gagneront en marge et en productivité, ce qui relancera l'emploi et les salaires. Au final, la consommation repartira, mais sans passer par l'endettement.
Cela suppose un ou deux ans un peu chaotiques en termes de croissance et d'emploi. Pendant ce temps, les gouvernements doivent moderniser la structure de leur économie, mais sans être trop pressés de réduire les déficits, sans essayer d'équilibrer leurs dépenses publiques à tous prix.