Sarkozy s'en est à nouveau pris à François Hollande en taxant d'extravagantes ses propositions sur l'éducation. «Je suis effaré qu'on puisse dire avant même de commencer la discussion sur l'école, qu'il faut créer 60 000 postes. Ecoutez, les chiffres sont intéressants : il y a un peu plus de 400 000 élèves de moins dans l'éducation nationale depuis 10 ans, et il y a 45 000 profs de plus. S'il suffisait d'embaucher des profs pour que l'école fonctionne et que les profs soient heureux, on aurait l'école qui fonctionne le mieux au monde et les profs les plus heureux au monde».
Le PS s'est fait un plaisir de renvoyer dans les cordes le Président donneur de leçon. Dans un communiqué rageur, Vincent Peillon a dénoncé les chiffres «totalement fantaisistes» du Président, lesquels «illustrent son mépris profond du débat démocratique». De fait, les chiffres cités par Nicolas Sarkozy sont grossièrement faux.
Si l'on se fie aux statistiques du ministère on constate :
Que depuis 10 ans (année 2000-2001), le nombre d'élèves est passé (premier et second degrés, en intégrant les classes préparatoires) de 12 409 000 à 12 262 300. Soit une baisse de 146 700 élèves (et non de 400 000 comme le dit le Président).
Concernant les professeurs (public et privé également), le nombre de postes est passé de 880 000 à 859 291, soit une baisse de 20 795 ... et non une hausse de 45 000 comme le dit Nicolas Sarkozy.
L'explication de l'erreur de Nicolas Sarkozy est simple. L'état major du candidat a d'ailleurs rectifié dans l'après midi, évoquant une langue qui fourche... «Il voulait dire depuis vingt ans et non depuis dix ans». Selon les statistiques du ministère, entre 1990 et 2010, le nombre d'élèves a baissé de 640 000 et le nombre de professeurs a augmenté de 50 000. Pour autant, ce chiffre brut, censé accréditer l'idée que les effectifs enseignants ne sont pas un problème, doit être nuancé :
L'école a changé pendant la période évoquée. La scolarité moyenne des élèves s’est allongée et le nombre d'élèves accédant au bac a été dopé. Cela a un coût. Davantage d’élèves ont poursuivi au lycée, dans la filière générale ou professionnelle. Or celui-ci coûte cher en France. Avec une moyenne de trente heures de cours par semaine - un record en Europe -, il est un grand consommateur d’enseignants, notamment en raison des nombreuses options. Il y a aussi eu un développement des sections de techniciens supérieurs (STS) et des classes prépas, qui comptent de nombreuses heures de cours, la création de décharges pour les directeurs d’écoles ayant plus de quatre classes, la multiplication de remplaçants titulaires sans poste fixe, des classes moins chargées, l’apparition d’intervenants en langues ou en informatique, etc...
Bref, la comparaison n'est pas aussi pertinente que ne veut le dire la majorité.
L'éducation doit redevenir une priorité nationale. Le savoir et la qualification sont la première égalité pour tous les citoyens. L'accès à toutes les filières pour tous les jeunes ne doit pas être conditionné aux revenus de leurs parents.
Sarkozy nous mène tout droit à un système éducatif à l'anglaise, où les études sont si chères qu'elles restent réservées aux plus riches et nous ne voulons pas de ça!
Le changement, c'est maintenant!