Une chose est sûre, lorsque Nicolas Sarkozy achèvera dans un an son mandat, il laissera la France dans un état de délabrement comme jamais. Le Président du pouvoir d’achat aura été celui de son amputation, le Président de la France qui travaille aura été celui des riches, le Président du Grenelle de l’environnement aura été celui du renoncement, le Président de la « moralisation du capitalisme » aura été celui de la bride sur le cou aux banques et autres spéculateurs. Pendant ce temps, la désespérance gagne les classes populaires et comment pourrait-il en être autrement puisque leur condition est le plus souvent faite de chômage de longue durée, de relégation sociale liée à la perte d’emploi, de réclusion en HLM dégradées, de diminution des revenus, d’échec scolaire des enfants, etc.
Cette situation catastrophique fait le lit du vote en faveur du Front national, encore en progression lors des dernières élections cantonales. Non pas que ce parti apporte des solutions aux problèmes rencontrés par les classes populaires, mais le vote FN sert d’exutoire à la rancœur d’un nombre croissant d’électeurs pendant qu’une autre partie, encore plus nombreuse, refuse même d’aller voter. Comme si cela ne suffisait pas, à l’imposture de ses promesses, le président de la République a ajouté le côté abject consistant à reprendre à son compte les thématiques du FN pour désigner des boucs émissaires : l’étranger, le musulman, le Rom… Ainsi, ceux dont le quotidien est fait de déclassement en tous genres sont tentés de conjurer leur sort en trouvant un bouc émissaire : les immigrés de la dernière génération. Le désespoir de subir une condition de plus en plus dégradée avive la guerre des pauvres contre plus pauvres qu’eux encore.
Tant que ne seront pas traitées et éradiquées les causes sociales du vote extrémiste de droite et de l’abstention massive, cette situation perdurera et même s’aggravera. Il devient donc urgent d’instaurer une politique radicalement nouvelle qui redonne espoir aux milieux populaires. Une politique de plein emploi, d’emplois utiles socialement et écologiquement, de salaires décents, de contrats de travail véritables et protecteurs. Une politique qui favorise l’égalité entre les femmes et les hommes. Une politique qui retisse des liens forts grâce à des services publics rénovés et redynamisés, qui étende la protection sociale et offre aux jeunes une allocation d’autonomie. Une politique qui désenclave les quartiers avec notamment des transports publics gratuits, un vaste plan public de réhabilitation des logements et l’arrêt des hausses de loyers.
Il y a tant à faire, alors que tout fut laissé à l’abandon depuis longtemps. Mais rien ne se fera sans une solidarité nationale minimale qui consistera à redéplacer vers les salaires, les services publics et la protection sociale la part de la richesse produite par tous, qui fut auparavant détournée vers les profits et le privé. Rien ne se fera si, face à l’insécurité économique et sociale d’où découlent toutes les peurs et toutes les insécurités, nous n’optons pas pour la Sécurité sociale et la sécurité économique.