il est important d’en prendre conscience. Chacun sent déjà que les grands-parents sont de grands « passeurs de vie ». Il est frappant, notamment, de constater combien la « difficulté de grandir » rejoint la « difficulté de vieillir » et peut créer une alliance des générations, par cela celle des parents. Les mots des enfants pour parler des plus âgés et avec les plus âgés, les richesses des évocations littéraires et artistique, toute évocation du temps et de l’âge, des cycles de vie est inspirante. C’est un beau lieu pour évoquer l’aspect culturel de l’âge. Tout le monde n’a-t-il pas en tête le mot d’Amadou Hampâté Ba , cet ethnologue malien né en 1900 et mort en 1991 “Un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle.” ?
La notion de génération est une de ces notions universelles dont la richesse symbolique est inépuisable. Évocation de la vie, de la mort, du flux permanent des êtres, elle a été, partout et toujours, un organisateur du temps, un régulateur du renouvellement des hommes en société. Loin de se réduire à une réalité biologique, elle est un produit de l'imaginaire social et contient en germe les liens de famille comme les conflits de générations, qui font aussi partie de l'histoire et de la mythologie de la plupart des sociétés à travers le monde, et rythment les sociétés occidentales contemporaines. La jeunesse n’a plus d’âge , avec ce chiffre incroyable : Pour 41% de la population, la grand-mère est considérée comme « plus jeune » que sa propre fille ! Mais il faut aussi voir au-delà des miroirs.
Notre société n’a pas pris en compte l’impact politique, économique et social du bouleversement actuel de l’échelle des âges, alors que, au niveau national, la population âgée de 60 ans et plus représente aujourd’hui 21% et devrait atteindre 40 % en 2050. Il est donc urgent de rééquilibrer toute notre conception sociale des rapports entre les âges de la vie. Les structures de la société actuelle, et les orientations prises par son évolution ne sont pas adaptées aux réalités de demain, alors même que les âgés deviennent les plus nombreux, et que les rapports familiaux évoluent dans les familles à quatre générations, bientôt cinq… Construite autour des données démographiques et sociales du début du XXe siècle, la société du XXIe siècle est-elle prête à affronter ces réalités ? Les « anciens » doivent trouver une nouvelle place dans la société
Ne confondons plus isolement et solitude. La solitude vient du veuvage, de l’éloignement de la famille, du déménagement des voisins, de plus en plus jeunes et mobiles. Vivre chez soi le plus longtemps possible demande de l’imagination. Il y a des expériences positives, comme l’accueil d’étudiants en « chambre d’hôte » avec échange de services par des personnes âgées, le développement du bénévolat de proximité, des livraisons à domicile, des services polyvalents, sûrs et bon marché, de dépannage à domicile.
Le nouveau dialogue des âges invite à l’intergénération. La famille, mais aussi la cité, la ville, le quartier ou l’immeuble en sont le cadre. Il s’agit davantage d’une question d’imagination et de volonté que de moyens financier. C’est un enjeu majeur, auquel les trois villes Paris, Rouen, Le Havre, qui ont affiché une volonté de coopération, peuvent en montrer l’exemple, chacune avec leur personnalité et leurs actions propres.