Xi Jinping a succédé à Hu Jintao à la tête du Parti communiste chinois, et donc de la Chine, jeudi 15 novembre. Le nouveau maître du pays a montré beaucoup plus de charisme que Hu Jintao, évoquant à plusieurs reprises les préoccupations quotidiennes des gens. Pour autant, sa position en matière de politique intérieure et de relations internationales devrait se situer dans la continuité de son prédécesseur. Cette décision avait été prise depuis 2007, lorsque les deux hommes sont entrés au comité permanent du bureau politique. On peut tirer plusieurs constats de la nouvelle composition du nouveau comité permanent du bureau politique. Globalement, les réformateurs sont peu présents, les "princes héritiers" sont assez représentés. Pour les observateurs, ce comité permanent est considéré comme "conservateur". Mais il reflète bien l'état actuel des forces au sein du Parti communiste. Le thème général du congrès était "le développement scientifique"
L'idée principale de ce concept, c'est que la Chine ne peut plus continuer à se développer économiquement comme elle s'est développée depuis trente ans, avec un modèle basé sur les investissements publics et une économie tournée vers l'exportation. Le défi de Xi Jinping sera de développer l'économie privée et la consommation intérieure.
Il y a une attente dans un certain nombre de secteurs de la population d'une plus grande liberté et d'une réforme politique. Avec la crise en Europe, les Européens sont de plus en plus preneurs d'investissements chinois. La Chine a toujours su profiter des divisions européennes pour faire avancer ses intérêts. La crise n'a pas arrangé cette situation. Et Xi Jinping devrait continuer cette politique. Son discours évoquait à plusieurs reprises les préoccupations quotidiennes des gens. Il appartient à une génération, celle des "jeunes instruits" qui ont été envoyés à la campagne par Mao, dans les années 1960. Ils sont beaucoup plus réalistes et moins dogmatiques que leurs prédécesseurs.
Officiellement, l'ambition affichée du régime est d'aller vers un système beaucoup moins consommateur d'énergie et plus respectueux de l'environnement. Il doit tenir compte d'une position croissante des populations locales, comme on l'a vu récemment lors de manifestations à Ningbo contre un projet d'usine chimique. Dans la progression de la carrière de cadre, le facteur environnemental est de plus en plus pris en compte pour sa promotion. Sur le programme nucléaire, il y a effectivement un objectif de se doter d'un vaste réseau de centrales.
Si la grande naïveté des institutions européennes se confirme, une position "win to win" qui devrait être la sagesse ne sera pas retenue. La "libre concurence non faussée" va nous mener droit dans le mur, associée à l'accumulation des égoïsmes nationaux. La Chine nécessite des positions fermes, réalistes et de rapports de force clairement posés.
Notre avenir politique dépend désormais de la volonté des peuples et de leur engagement pour une autre politique.