Au moment où on explique que le RSA est un système qui coûte cher pour être inefficace, les échos lui ont consacré deux articles coup sur coup. L'un pour expliquer que, en 2010, le RSA avait permis à 140 000 foyers de sortir de la pauvreté. L'autre pour démontrer que le RSA avait rapporté de l'argent à l'Etat, près d'un milliard. Il serait d'ailleurs intéressant de savoir où est passé ce milliard, différence entre ce que rapporte la taxe sur les revenus financiers, créée avec le RSA, et les dépenses supplémentaires liées au complément de revenu pour ceux qui travaillent sans parvenir à boucler leurs fins de mois.
Il est important de souligner un rapprochement curieux entre deux propositions. Celle, célèbre, qui consiste à imposer 5 heures de travail gratuit à tous les bénéficiaires du RSA sans activité (et peut-être aussi aux autres personnes qui reçoivent un revenu de solidarité?). Celle de rendre le service civique obligatoire pour tous les jeunes (rémunéré 300 euros et non pas 540 euros comme aujourd'hui).
Ce qui est curieux, c'est que d'habitude on rend obligatoire quelque chose quand personne ne veut le faire de manière facultative. On a rendu obligatoire le port de la ceinture de sécurité en voiture, parce qu'il y avait trop d'automobilistes qui ne la bouclaient pas.
Là, c'est l'inverse. Le nombre d'allocataires du RSA qui voudraient travailler, qui voudraient avoir un contrat aidé, ou qui voudraient prolonger un contrat aider plutôt que de revenir au chômage au bout de deux ans est énorme. Ils sont volontaires pour travailler. Certes, ils voudraient travailler plus de 5 heures. Ils sont plutôt demandeurs d'un temps complet. On leur explique que cela n'est pas possible, qu'il n'y a pas assez de contrats.
Même problème pour le service civique. Le nombre de jeunes désirant d'eux-mêmes faire leur service civique est bien supérieur aux nombre de missions financées pour ces jeunes. Notre problème actuel n'est pas de les forcer à le faire mais de pouvoir répondre à leur demande.
D'où une proposition simple : avant de rendre obligatoire un travail, une mission, un service, efforçons nous de répondre à la demande spontanée, volontaire.
Le raisonnement est peut-être trop simple. Le même paradoxe s'est fait jour au moment où le débat faisait rage sur l'obligation qui devrait être faite aux SDF d'aller dans les foyers d'urgence. En participant à des maraudes de nuit, On avait pu constater que des SDF qui demandaient à pouvoir être héberger se voyaient opposer un refus faute de place!
Et si cette volonté d'imposer des obligations nouvelles aux citoyens n'était qu'un moyen de masquer des obligations non tenues?