Et si l’on revenait, à tête reposée, au pied du mur des cons ? Le plus drôle dans l’affaire fut de voir comment ce débat de cons a (momentanément ?) transformé en cons tous ceux qui l’ont approché. Et en cons volubiles et péremptoires. Pour ou contre le Syndicat de la magistrature, pour ou contre le journaliste de France 3 qui a filmé le mur des cons du Syndicat de la magistrature : au côté des cons du mur, ou aux côtés des bâtisseurs de ce mur
Bravant le risque d’être, par capillarité, soi-même transformé en con, tentons, dans le souci citoyen d’être un con pensant par lui-même, de sérier les questions que pose la con-troverse.
Que le syndicat ait affiché sur le mur de son local «un petit pilori privé» (comme l’appellera le filmeur), est-ce une information ? Incontestablement oui, sur l’engagement, mais aussi la psychologie des dirigeants de ce syndicat. Mais que vaut cette information, quelle est sa portée, que dit-elle exactement ? C’est une autre affaire.
Devant cette découverte, le réflexe naturel de tout journaliste consisterait à recueillir le témoignage de la bâtisseuse présumée du mur, qu’il tient sous la main, la présidente du syndicat. Quand a commencé son édification ? Jusqu’où montera-t-il ? Est-il envisageable qu’il se transforme en muraille ? Une chute du mur est-elle envisageable ? Quelle belle image formerait cette interview, pour un journaliste de télé ! Mais Weill-Raynal s’en garde bien. Son butin en poche, il rentre à sa rédaction et s’abstient soigneusement d’y évoquer son scoop. Au lieu de quoi, il fait circuler la vidéo parmi des amis avocats et magistrats
Pendant plusieurs semaines, rien ne se passe. Le jour où la vidéo est mise en ligne sur Atlantico, Weill-Raynal s’agite dans les couloirs de sa chaîne pour que France 3 évoque l’affaire, mais sans préciser le rôle qu’il y a joué. On connaît la suite : dénonciation, dénégations initiales, aveu tonitruant, et demandes syndicales de sanctions contre lui. De bout en bout, une histoire aussi révélatrice sur certains magistrats que sur certains journalistes. Nouvelle ? Mais non. Permanente. Eternelle. Comme chacun sait, le temps ne fait rien à l’affaire