Tout se passe comme s'il était impensable de neutraliser la prédation du système financier sur l'économie. Le président Obama a déçu ses partisans les plus sincères aux Etats-Unis par ses concessions aux lobbies financiers. Les institutions financières mènent le bal et tiennent la plume, pour l'essentiel, des plans de sauvetage bancaires déjà réalisés et de ceux à venir. Elles ont non seulement échappé au coût de la crise, mais elles ont aussi pris l'ascendant sur les Etats grâce à la crise des dettes publiques, qui trouve pourtant son origine dans celle des dettes privées. Rien ne sera possible tant qu'un démantèlement du "complexe financier" ne sera pas engagé. Gageons qu'un gouvernement qui trouverait les ressources morales de s'opposer à la finance retrouverait non seulement sa dignité mais aussi l'estime des peuples.
Et la France dans tout cela ? Elle tient souvent des discours justes. Mais elle semble inconsciente des rapports de force réels qui sont à l'œuvre. Elle croit agir dans un cadre exclusivement "européen" ou "multilatéral" quand les autres agissent en fonction de leur intérêt national. Notre pays paye aujourd'hui le prix de sa naïveté et du concept chimérique d'"Europe puissance", auquel nous sommes les derniers à croire.