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"Il y avait énormément de monde en ville, tout d'un coup, ils ont sortis leurs masques au milieu de la foule et sont partis en direction de la prison", raconte la directrice de cabinet du préfet de la Vienne, Anne Frackowiack.
A Paris, des touristes japonaises s'y étaient laissées prendre, en puisant dans la "caisse aux déguisements" déposée sur le sol au départ de la manifestation…
Deuxième point commun : les caches. A Poitiers, des fumigènes et des masses avaient été stockés sur le parcours. De la même façon, à Paris, les policiers avaient découvert, après coup, que l'église Saint-Merri (4e arrondissement) avait abrité un petit arsenal : boules de pétanque, carreaux de plâtre découpés et six mortiers de feux d'artifice.
Enfin quand les groupes s'ébranlent, ils ont revêtu des vêtements noirs (sweats à capuche, bonnets…), qu'ils abandonnent sur place au moment de la dispersion.
Dix-huit personnes ont été interpelées à Poitiers où des vitrines de banques et de Bouygues Telecom – dont la maison mère est le constructeur de la nouvelle prison – ont été
particulièrement visées.
Poitiers a été organisé de façon clandestine." Plusieurs sites Internet avaient évoqué la manifestation organisée par le collectif contre la prison de Vivonne, située au sud de
Poitiers.
Les incidents de Poitiers ont avivé un débat en cours depuis plusieurs mois au sein de la mouvance dite "ultra-gauche" sur la pertinence de telles actions. "Des groupes de militants, ceux que nous appelons “hors-sol”, ont, de fait, pris le contrôle de la manifestation qui regroupait environ 300 personnes, imprimant leurs décisions, leur rythme, leur manière d'agir et leurs fantasmes à l'ensemble", écrit l'Organisation communiste libertaire (OCL). "A disparu alors, poursuit l'OCL, tout souci d'expliquer le pourquoi de cette manifestation – pas de tract clair, pas de slogan lancé, des banderoles vides de toutes inscriptions! Or, quand de tels messages sont absents, ils ne reste plus que celui des vitrines brisées comme but en soi (…). Ce n'est pas la première fois que cela se produit et il est urgent que les pendules soient remises à l'heure." La leçon la plus inquiétante est que 200 personnes bien organisées peuvent mettre une ville à sac et développer à l'infini un sentiment d'insécurité qui va favoriser des organisations d'extrème droite. Par réaction, l'extrème gauche radicale et violente se trouve confortée . Bref, un schéma classique de la lutte de classes. une situation prérévolutionnaire peut s'installer et tous les démocrates peuvent perdre le contrôle.