La courbe des emplois d’avenir, lancés à l’automne, est surveillée comme le lait sur le feu. Chaque mois, de toutes les régions de France, remonte au ministère du Travail la liste des nouveaux contrats signés. Objectif, pour la principale arme du gouvernement contre le chômage des jeunes non qualifiés : 100 000 d’ici la fin de l’année, 150 000 à l’horizon 2014. Un «outil» essentiel pour le chef de l’Etat, François Hollande, qui promet - toujours - d’inverser la courbe pour Noël.
Au dernier relevé, arrêté le 31 mai, le compteur affichait 25 000 emplois d’avenir, dont 2 500 étudiants-professeurs. Soit un quart de l’objectif pour cette année. Trop peu ? «Le rythme de recrutement est normal, veut-on rassurer au ministère. Il est même supérieur à celui des emplois-jeunes à la même époque, qui était de 2 066.» Un rythme également conforme à la programmation budgétaire, qui prévoyait un tiers d’emplois d’avenir à fin juin, et deux tiers au second semestre. «On sera à 30 000 fin juin», assure-t-on.
L’apparente mais attendue lenteur du démarrage obéirait à une nécessaire montée en charge du processus. Septembre devrait ainsi connaître une accélération, en raison des recrutements espérés pour faire face à la réforme des rythmes scolaires. D’autres emplois d’avenirs dépendent aussi des budgets des collectivités locales, souvent bouclés en mars, voire en juin. Lent au démarrage, le geyser pourrait donc jaillir après l’été. Autre raison de ces débuts un peu poussifs : la nature des profils recrutés. A la - grande - différence des emplois-jeunes de 1997, les emplois d’avenir visent les non-qualifiés. Une population qui représente 500 000 jeunes en France, dont 150 000 qui arrivent chaque année sur le marché du travail.
Pas le bac. Et ce critère, le gouvernement veut l’appliquer strictement, convaincu que les moins diplômés constituent le noyau dur du chômage des jeunes. Les dérogations sont donc limitées au maximum afin d’éviter la tendance, naturelle, des employeurs à aller vers les profils qualifiés. De fait, avec succès. Car, selon nos informations, 88,1% des 22 500 emplois d’avenir recrutés n’ont pas le bac (9,7% l’ont, 2,1% sont allés au-delà). Sur cette population, dont 60% est âgée de 18 à 22 ans, un tiers est inscrit à Pôle Emploi depuis plus de douze mois, autre critère (moins rigide) imposé par la loi.
Celle-ci prévoit aussi des CDI ou des CDD de trois ans. A ce jour, 7,1% des emplois d’avenir sont des CDI, 53% des CDD de trois ans. Les autres sont des contrats d’un à deux ans renouvelables. «Les employeurs rechignent parfois à prendre trois ans d’office des jeunes qu’ils ne connaissent pas. Nous avons incité dans ce cas à opter pour un an renouvelable», explique-t-on dans l’entourage du ministre du Travail. Les associations et les collectivités locales sont logiquement les principaux employeurs, à près de 80%, d’une mesure d’abord destinée au secteur non marchand, que l’Etat finance à 75% (au niveau d’un Smic brut). Le privé, subventionné à 35%, ne concerne qu’une petite partie. D’où l’élargissement des critères pour le secteur d’activité, le préfet de Paca vient ainsi d’ouvrir totalement le dispositif au privé.