En en faisant un objectif
majeur, louable mais peut-être un peu trop ostensible, de son quinquennat, le président de la République risque de plomber le dossier . À trop agiter la mayonnaise, elle finit par tourner.
Car dans les pommades verbales pré-électorales, les Maisons de Santé Pluridiscplinaires tiennent bonne place. Tout le monde s’en mêle, au point que les ARS, sous l’avalanche des instructions
prioritaires reçues du pouvoir central ne savent plus où donner de la tête. Même si l’objectif reste somme toute modeste, la multiplicité des questions que doivent solutionner les ARS, comme
toujours donne le vertige.
Car, dans la France profonde, les ingrédients d’un exercice « rentable » de la médecine libérale susceptible d’attirer les jeunes générations sont rarement réunis. Loin s’en faut. Et
dans pareil cas, on en appelle à la puissance publique. La satisfaction des besoins primaires (qui s’évaluent en termes d’égalité des chances de la population) relève alors de décisions de
l’Etat. Et comme toujours, un cocktail mal dosé entre contraintes administratives et incitations pécuniaires peut parfois exploser. C’est ce qui a failli se produire avec la loi HPST. La liberté
d’installation est sauve, et les contraintes potentielles abandonnées, du moins en apparence
Reste alors essentiellement et uniquement les incitations financières.
C’est encore vers l’assurance maladie - bonne « vieille dame » qui se tue à économiser comme la fourmi de la fable - que se tourne le regard de cigale des énarques.
Aujourd’hui les MSP émargent à une petite tirelire de 250 millions d’euros. Comme en témoigne le rapport annuel de la CNAMTS paru en septembre 2010, 2,4 millions d’euros ont été utilisés en 2009
pour une soixantaine de projets concentrés pour moitié dans 3 régions apparemment mieux loties … ou peut-être plus dynamiques. Soit à peine 40 000 euros en moyenne par projet.
Après les cafés et les bureaux de poste, voilà venue la croisade des élus locaux pour réclamer haut et fort des mesures gouvernementales visant à ramener manu militari les médecins déserteurs. Jacques Pelissard, le président de l’AMF, lui aussi jurassien, est le
porte-parole, sans doute sincère, de cette lutte acharnée contre la désertification. En fin de compte, on entend peu parler d’inégalité d’accès aux soins. L’argument selon lequel le médecin est
un facteur d’activation de l’économie locale (avec le pharmacien et l’épicier) est plus souvent avancé mais fréquemment erroné, surtout dans les communes néo-rurales dans lesquelles les bobos
venus de la ville revendiquent tout le confort urbain
Le
dossier des MSP est donc pour le moins confus : d’un côté les ARS censées porter les projets avec des queues de cerise, de l’autre, les collectivités locales confortées par des préfets de
région qui détiennent le FNADT. Question essentielle de gros sous, décalée ,sans examen de la réalité des besoins d’accès à la santé.
On ne peut s’empêcher de remarquer au passage les énormes gisements d’économie que déniche bizarrement la CNAMTS dans ses contrôles sur la facturation des hôpitaux.
Combien de MSP avec les économies forcées et dangereuses sur l’hôpital ?