On ne peut que déplorer l’image d’une France «au ban des nations en matière de droits de l’Homme» et critiquée par l’Eglise pour sa politique anti-Roms, à dénoncer le lien «nauséabond» établi entre immigration et délinquance, tout en soulignant l’échec de Nicolas Sarkozy sur la sécurité. Mais il y a un risque majeur à emboîter le pas du Président sur son thème fétiche... et ainsi de reléguer au second plan des sujets bien plus problématiques pour la majorité: son bilan social et le projet de réforme des retraites - à l’Assemblée le 7 septembre -, les suites de l’affaire Woerth-Bettencourt.
Ainsi, le député Michel Sapin se réjouit,sur France Inter, que le PS ne soit pas «tombé dans le panneau»: «Si Sarkozy a voulu - et il a réussi - occuper le devant de la scène sécuritaire, le boomerang qu’il a lancé pour nous atteindre lui est revenu dans la figure.» «Ne nous laissons pas embarquer», entonne Jean-Christophe Cambadélis, estimant que «la vraie question est sociale: retraites, chômage, salaires de la fonction publique, rentrée scolaire et vie chère».
La droite a régulièrement joué sur les divergences des socialistes, distinguant les «naïfs» des réalistes. D’autres pistes, comme la vidéosurveillance, semblent encore faire débat. Le porte-parole, Benoît Hamon a, lui, récusé «une forme d’approche un peu erronée de la réalité du débat sur les questions de la sécurité au PS».
«Il n’y a pas de laxisme au PS, assure aussi Jean-Jacques Urvoas, secrétaire national chargé de la sécurité. Il n’y a pas d’un côté, les répressifs et de l’autre, les angélistes. Tous les socialistes se sentent concernés.»
En attendant, d’aucuns avancent leurs pistes. Politique sécuritaire de gauche qui s’attaque «aux causes tout en assumant une politique répressive», révision de «toute la chaîne prévention-sécurité-justice», «choix budgétaires à la hauteur des besoins» et «police des quartiers» au contact des habitants, «nécessité de prévention», «encadrement scolaire des jeunes», «importance de donner des moyens à la police et la justice",«unités spécialisées liées géographiquement et durablement» aux quartiers: «Recrutement de policiers issus de ces quartiers».
Le PS fait bien de constater l’échec patent de la droite au pouvoir depuis huit ans. Mais il ne peut être efficace dans la dénonciation que s’il est capable de montrer qu’une autre politique existe. Or à ce stade, le PS ne répond pas encore à ce défi.»
L’un des bras droits de Martine Aubry, Claude Bartolone, promet que le sujet sera abordé lors de l’université d’été, ce week-end à La Rochelle. «Nous n’esquiverons aucun dossier et notamment sur la sécurité»