Traditionnellement mise en œuvre à Bercy, la conférence nationale des finances publiques est cette année organisée par l'Elysée. Les élus locaux de gauche ont décidé de la boycotter.
Echaudés par la suppression de la taxe professionnelle et la création du conseiller territorial, ils s'estiment sans aucune responsabilité dans ce trou financier. "J'ai pris la décision que nous n'irions pas nous prêter à un exercice pour lequel nous n'avons aucune responsabilité, les départements ne sont pas responsables du déficit de la France", a déclaré Claudy Lebreton (PS), président de l'Assemblée des départements de France (ADF). "Nous ne nous sentons vraiment pas concernés". "Aucun dossier, aucun déroulé, aucun document ne nous a été distribué", a-t-il déploré, ajoutant qu'il existe déjà une conférence nationale des déficits publics, placée sous l'égide du premier ministre, qui n'a pas été réunie depuis longtemps.
L'Association des régions de France (ARF) et son président, Alain Rousset (PS), boycottent aussi cette réunion inédite à laquelle le président a convié les représentants des trois
grandes associations d'élus, des organismes sociaux, et du Parlement pour explorer les moyens de sortir la France de "la spirale des
déficits".
"Il y a eu le transfert des charges sans transfert équivalent de moyens, les régions votent des budgets en équilibre, elles
mettent beaucoup plus dans le plan de relance que l'Etat, leur taux d'emprunt est modéré : je ne me sens pas responsable du déficit de l'Etat !" s'est exclamé le président de la région Bourgogne, François Patriat (PS). Son homologue de Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne (PS), a qualifié la
conférence de "mascarade à la veille des élections" régionales.
Le sénateur-maire de Dijon, François
Rebsamen (PS), voit dans la réunion "une opération de communication, une tentative de trouver un alibi et des boucs émissaires".
"Non content de déstabiliser" les collectivités territoriales "par une réforme inappropriée, de les
priver de ressources par la suppression de la taxe professionnelle", M. Sarkozy veut "à présent leur faire porter la responsabilité des
déficits publics", dénonce-t-il.
Le président de la troisième grande association d'élus invitée, l'Association des maires de France (AMF), Jacques Pélissard (UMP), se rendra à la conférence pour y affirmer que les déficits sont le fait de l'Etat et des
organismes sociaux, non des collectivités locales. Pour le président de l'Association des maires des grandes villes, le maire de Grenoble, Michel Destot (PS), "l'Etat est le principal responsable de la dette publique" : "Les collectivités territoriales représentent 73 % des
investissements publics, et 10 % seulement des déficits."