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Le blog de Eric de Falco

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conseiller général du 1° canton de Rouen


Moyen-Orient: les enjeux

Publié par Eric de Falco sur 2 Mars 2011, 08:52am

Catégories : #actualité

Au-delà des aspects politiques et sociaux des diverses insurrections qui secouent le Moyen Orient, il n’est pas inutile de tenter –avec tous les risques de ce genre d’exercice en pleine crise- de cerner les enjeux de nature économique et financier auxquels nous sommes confrontés.

Le premier c’est l’enjeu énergétique : Il n’est pas inutile de faire la distinction entre le pays pétrolier qu’est la Libye (18ème producteur mondial) et les autres pays.La Libye est un « petit » pétrolier qui n’exporte que 1,4 millions de barils par jour, sur un total d’environ 85 millions de barils produits dont plus de la moitié est produite en dehors du Moyen Orient. Sa population de 6,5 millions d’habitants ne bénéficie pas de cette manne qui remplit les poches de ses dirigeants. Savez-vous que le premier pays producteur de pétrole est la Russie, suivie de l’Arabie Saoudite, et  qu’ils produisent à eux seuls 25% de la production mondiale ?

Pourquoi dès lors avons-nous connu une hausse subite de 20% ? La spéculation a bénéficié de cette ignorance et de l’effet amplifié par les scènes dramatiques retransmises par la télévision. expliquent partiellement cette hausse brutale. Il est difficile de savoir exactement le rôle joué par les traders en matières premières dans ce contexte, mais la hausse dépasse de très loin les enjeux. Il est plus que temps de limiter la bulle spéculative qui avait déjà fait de graves dégâts en 2008-2009. Même si son pétrole est moins « bon », l’Arabie Saoudite a immédiatement, avec Abu Dhabi, annoncé qu’ils feraient la différence si la production libyenne devait continuer à décroître : elle est en baisse des deux-tiers avec une production de 500.000 barils.

Il est indispensable que l’Arabie Saoudite reste stable : l’annonce de subsides à hauteur de 36 milliards de dollars à la population exprime une bonne  intention. Ce n’est évidemment pas une solution à long terme, et cela témoigne plus d’une réaction de panique que d’une réponse à long terme aux aspirations politiques et sociales des Saoudiens. N’oublions cependant pas que ce pays n’a pas une population nationale très importante, et que de nombreux travailleurs sont d’origine étrangère pour former une population totale de 28 millions d’habitants dont près de la moitié n’est pas de nationalité saoudienne. La question en Arabie Saoudite, de l’avis même des milieux académiques locaux, est politique : la famille royale des Al-Saoud est-elle prête à devenir une monarchie constitutionnelle où « le roi règne mais gouverne pas ». La succession du roi Abdullah sera un moment clé de cette évolution.  C’est la démarche que l’Emir de Bahreïn a également discutée avec ses « cousins » saoudiens.  Ils ont tous deux une famille royale étendue dont l’arrogance et l’agressivité heurte la population. titre d’exemple, l’Egypte, le plus peuplé de ces pays, a besoin d’une croissance de 7% pour générer assez d’emploi et, entre les actifs détenus par l’armée et par la famille Mubarak, c’est une vraie révolution industrielle qui va devoir être mises en place. La plupart de ces pays ont une corruption qui a enrichi les dirigeants de manière exorbitante

Se déclinent également des enjeux religieux. Plusieurs pays de la région ont des dirigeants sunnites, et à ce titre plus modernes et ne poursuivant pas des objectifs religieux : mais la Mecque est en Arabie Saoudite qui entend rester sunnite, alors que 30% de sa population ne l’est pas. Ce qui est plus rassurant c’est que les oppositions shiites en Egypte, à Bahreïn ou en Jordanie, ne ressemblent pas au shiisme iranien. Ce dernier est plus meurtrier et fanatique. On ne peut qu’espérer que les mouvements shiites se rapprocheront plus du modelé turc, qui cohabite avec une structure laïque. L’Iran ne devrait dès lors pas être le gagnant de cette lutte fratricide.

On le sent, les enjeux économiques, sociaux, politiques, financiers et même religieux sont étroitement liés. Mais ils doivent aussi être distingués afin de mesurer les risques que court la région sur chacun des plans. Les défis sont considérables.

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